La filière semences face à la difficulté de recruter
Le recrutement est aussi un défi à relever pour la filière semences qui se mobilise pour améliorer l’attractivité des métiers offerts par les semenciers et les établissements de production. Bilan lors d’un atelier organisé par Semae, mardi 3 octobre.
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« Nous sommes une filière d’excellence, une pépite pour la France, et pourtant nous connaissons des difficultés de recrutement », a reconnu Didier Nury, président de l’UFS (Union française des semenciers), mardi 3 octobre, lors d’un atelier (1) intitulé « La filière face au défi du recrutement » organisé par l’interprofession semencière Semae.
La preuve en chiffres : sur les 17 000 emplois fournis par les entreprises semencières et de distribution de semences, majoritairement en zone rurale, « entre 10 et 20 % des postes mériteraient d’être renforcés au moment du pic d’activité, en été pour accompagner les agriculteurs puis à partir de septembre-octobre pour les récoltes d’automne », détaille-t-il.
Manque de connaissance du secteur
Les raisons sont multiples mais cela est principalement dû au manque de connaissance du secteur des semences par la société civile. « Nous travaillons cette attractivité et essayons d’intervenir auprès d’établissements de formation, et aussi de faire prendre conscience à l’ensemble de la société de l’importance, la richesse et la diversité de nos métiers », développe le président de l’UFS.
Pierre Pagès, président de Semae, insiste aussi : « Il faut être acteur de l’attractivité de nos métiers, avec notamment des actions ciblées, territoriales, à destination des jeunes à travers les forums de métiers, les salons d’emploi… Nos filières ne sont pas suffisamment connues dans les territoires. Nous avons pour cela mis en place des collectifs professionnels régionaux pour améliorer cette connaissance. »
Semae poursuit par ailleurs ses actions de promotion des différents métiers auprès des jeunes, au travers par exemple de la plateforme semeurtime (www.semeurtime.com), en partenariat avec l’Apecita, ou de la chaire « Des semences pour demain » avec l’Institut Agro.
Contrainte de la mobilité
Une autre difficulté à laquelle le secteur est peut-être confronté est la mobilité : « Nous sommes implantés dans des territoires ruraux. Quand nous recrutons quelqu’un, nous recrutons une famille entière, là où l’emploi n’est pas forcément très dynamique », reconnaît Didier Nury. Une contrainte également mise en avant par Auriane Fourrier, responsable RH chez Florimond Desprez, notamment pour recruter des saisonniers.
Elle rejoint la problématique de l’attractivité géographique, spécifique et importante pour la majorité des entreprises semencières, sur au moins un de leur site. « Cela dépend de l’attractivité d’un territoire et de la présence ou non d’un bassin d’emploi, explique Auriane Fourrier. Mais avec la concurrence d’autres secteurs plus attractifs comme celui de l’agroalimentaire. »
Plusieurs métiers en tension
La saisonnalité est une difficulté supplémentaire, avec de forts pics d’activités à certains moments de l’année, qui nécessitent le recrutement d’un grand nombre de saisonniers. Beaucoup moins de lycéens et d’étudiants sont aujourd’hui disponibles, « et quand il y en a, le sérieux et l’assiduité ne sont plus au rendez-vous », déplore Didier Nury. C’est la même chose pour les agents de maintenance ou d’autres postes pointus en usine. « Il s’agit d’une vraie préoccupation des semenciers », reconnaît-il.
Autre métier en tension, celui de technicien d’expérimentation. « Le parcours le plus classique est le BTS, mais une minorité d’étudiants quitte l’établissement directement au niveau bac +2, et dans un marché du travail relativement concurrentiel, on éprouve des difficultés à les recruter et à les fidéliser », souligne Auriane Fourrier.
Renforcer la promotion auprès des jeunes
Beaucoup de ceux qui poursuivent leurs études rejoignent les métiers d’amélioration des plantes. « On a besoin de sélectionneurs, mais les étudiants méconnaissent parfois les autres métiers de la sélection comme l’expérimentation, la production au champ ou en serre », explique la responsable RH. Et de poursuivre : « Notre point fort, c’est notre proximité avec les écoles, mais il faut peut-être encore renforcer la communication auprès des étudiants. »
Florimond Desprez développe aussi beaucoup la marque employeur via les réseaux sociaux « pour parler de ce que l’on fait au quotidien et donner plus de lisibilité à nos activités ».
(1) Les ateliers sont de nouveaux rendez-vous d’information et de formation organisés par Semae et qui ont démarré avec celui du 3 octobre sur le recrutement.
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