« La campagne à venir va mettre à genoux les exploitations ukrainiennes »
Lors de la 14e matinée export organisée par Intercéréales, mercredi 15 mars, Jean-François Lépy, directeur de Soufflet négoce by InVivo, a souligné la « performance exceptionnelle » de l’export ukrainien après un an de guerre, mais s’est montré préoccupé par « le mur » devant lequel sont acculés les agriculteurs locaux.
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Il y a un an, lors de la 13e matinée export au début du conflit ukrainien, Jean-François Lépy, directeur de Soufflet négoce by InVivo, dressait des perspectives « dramatiques » pour le commerce céréalier ukrainien et la souveraineté alimentaire mondiale. Ce qui a bien été le cas, mais au final, entre le début de l’agression russe le 24 février 2022 et fin février 2023, « l’Ukraine a quand même réussi à exporter presque 40 Mt de grains, ce qui est une performance assez exceptionnelle », a-t-il souligné lors de la 14e matinée export d’Intercéréales, mercredi 15 mars, à Paris.
Des coûts logistiques qui explosent
La mise en place du corridor maritime à partir des ports d’Odessa, Tchornomorsk et Pivdennyi, réouverts en août dernier, a contribué à la moitié de cette prouesse, l’autre moitié ayant été assurée par les « lignes de solidarité », ces corridors terrestres ouverts à travers la Pologne, la Hongrie ou la Roumanie.
En revanche, les coûts logistiques et les marges de précaution des négociants ont explosé, faisant pression sur les prix intérieurs. Ainsi, pour les exploitants, « les marges en culture sont historiquement basses, tout en restant positives, constate Jean-François Lépy. Ce choc de trésorerie ne pourra pas se répéter sans entraîner des faillites en l’absence de subventions et de crédits suffisants. La campagne à venir va mettre à genoux les exploitations agricoles ukrainiennes qui ont un mur devant elles. On va assister à une baisse de production liée à un recul des surfaces semées. »
Une production à nouveau en recul
À ce stade, l’UGA (association ukrainienne des grains) prévoit une production de grains et oléagineux de 65 Mt en 2023 (dont 17,4 Mt de blé et 21 Mt de maïs). À comparer aux 106 Mt de 2021 et aux 73 Mt enregistrées en 2022. « Et 65 Mt, c’est un potentiel, plutôt un chiffre maximal s’il n’y a aucun problème climatique », tempère Jean-François Lépy.
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