110 Bourgogne mise sur la diversification

Avec 358 300 t, « la collecte 2022-2023 est la troisième plus mauvaise récolte de la coopérative », a confié Jean-Marc Krebs, DG de 110 Bourgogne, à l’occasion de l’assemblée générale de la coopérative, jeudi 7 décembre, à Auxerre (Yonne). Toutefois, le prix record des céréales et des intrants a fait grimper le chiffre d’affaires du groupe à 174 M€, en hausse de 15 % par rapport à 2021.

« Réduire notre dépendance »

« L’augmentation de 90 % du prix de l’électricité depuis le 1^er janvier aurait pu être une très mauvaise surprise, mais en revoyant nos méthodes de travail, nous avons réussi à faire baisser le prix moyen du kWh de 8 % » s’est-il félicité. 110 Bourgogne a notamment diminué la température dans les bureaux et a décalé le travail du grain pendant les heures creuses d’été.

En tout cas, après une campagne régie par le conflit russo-ukrainien, les aléas climatiques et les restrictions phytosanitaires, la coopérative cherche plus que jamais à se prémunir de tous ces changements. « Nous souhaitons réduire notre dépendance aux engrais minéraux, répondre aux enjeux de diminution et de disponibilité des solutions phytosanitaire et expérimenter de nouvelles cultures », a présenté Jean-Marc Krebs.

Du miel pour 2024

Dans cette optique, l’union SeineYonne, à laquelle adhère 110 Bourgogne, s’est penchée sur la question de la diversification. « Nous avons rencontré trois coopératives en Haute-Garonne et dans le Gers pour voir ce qui se faisait dans ces zones-là et si on pouvait le mettre en place chez nous », a expliqué Walter Huré, président de 110 Bourgogne. Ainsi, l’union est revenue avec l’idée de développer une filière apicole à destination des grossistes.

« Cela permettrait d’amener un revenu complémentaire, de susciter de nouvelles vocations auprès des adhérents ou futurs adhérents, mais aussi de valoriser les contrats Barilla et Harrys qui sont liés à une part de jachère mellifère », détaille-t-il. Les premiers pots de miel sont attendus pour 2024.

S’approprier la gestion de l’eau

Inspirée par la coopérative Unicoque, SeineYonne souhaite également développer une filière noisette. Toutefois, pour être commercialisée, cette culture pérenne économe en produits phytosanitaires nécessite d’être irriguée. « Nous n’implanterons pas de noisetiers sans nous assurer au préalable de la mise en place de l’irrigation et de la disponibilité en eau, prévient Walter Huré. Nous sommes dans des zones où nous ne stockons pas l’eau. Nous devons donc nous approprier l’enjeu de la gestion de l’eau si nous voulons conserver de la valeur ajoutée sur notre territoire. Stocker l’eau et pouvoir l’utiliser nous ouvrirait le champ des possibles en termes de culture et de relocalisation des productions. »

Innover pour s’adapter

Enfin, SeineYonne a commercialisé en 2023 la solution Abelio. Grâce à ses prévisions, cet OAD permet de gérer les risques maladies sur blé, orge et colza. De plus, en février dernier, l’union a lancé Opti’fertisol. Animée par le service Agro-développement, cette démarche constituée autour d’un groupe de travail d’agriculteurs a plusieurs objectifs : acquérir de nouveaux repères et outils, optimiser la gestion des couverts et tester des solutions au champ. Les visites d’essais organisées à l’occasion des Expérimentales SeineYonne ont rassemblé plus de 300 agriculteurs.

En parallèle, SeineYonne a lancé Cap Agronomie, une formation pratique de deux ans pour les techniciens. L’objectif ? Leur permettre d’accompagner les adhérents sur des thématiques d’avenir et notamment celle de la vie du sol.