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Redressement judiciaire d’Avéal : la coopérative s’explique

Gilles Mazille (à g.), président de la coopérative Avéal en Saône-et-Loire, et Jean-Pierre Gillen, directeur général.

En redressement judiciaire depuis le 22 décembre 2023, la coopérative Avéal, en Saône-et-Loire, souhaite aujourd’hui communiquer en toute transparence sur sa situation. Son conseil d’administration a décidé de s’adosser à une autre structure, mais le tribunal de commerce doit donner son feu vert.

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C’est une période compliquée pour la coopérative Avéal, en Saône-et-Loire, qui est en redressement judiciaire depuis le 22 décembre dernier à la suite d’un jugement rendu par le tribunal de commerce de Mâcon. Depuis, le conseil d’administration a pris « la décision de s’adosser à une autre structure », annonce Gilles Mazille, son président, dans une interview accordée à notre publication. Cependant, il revient au tribunal de commerce de valider ou non la proposition du conseil d’administration ; si le feu vert est donné, un appel à candidature pourra être ouvert par le tribunal.

Cette situation judiciaire s’inscrit dans la suite d’une démarche entamée quelques mois plus tôt par les dirigeants au vu du résultat net négatif (-1,65 M€) de l’exercice 2022-2023 pris dans la tourmente de la hausse du prix des engrais qui est venue aggraver une situation déjà mal en point. Laquelle est l’héritage « d’exercices comptablement difficiles entre 2015 et 2019 par manque de rigueur dans la gestion et d’un agrandissement mal financé lors de la création d’Avéal en 2021 (ndlr : lire plus bas) », explique le président de la coopérative.

Retournement de situation

Voyant poindre des problèmes de trésorerie au printemps 2024, les dirigeants d’Avéal ont décidé de trouver « une situation alternative pour ne pas se mettre en défaut et protéger les adhérents, les salariés et les partenaires. Nous sommes alors partis sur une procédure de mandat ad hoc qui permet de négocier l’étalement de la dette », relate Jean-Pierre Gillen, directeur général de la coopérative bourguignonne depuis juillet 2022, succédant à un directeur de transition resté six mois.

Entre-temps, la coopérative se fait conseiller d’opter plutôt pour un plan de sauvegarde et prépare un dossier en ce sens. Mais deux jours avant la comparution au tribunal de commerce, retournement de situation, comme le détaille Jean-Pierre Gillen : « On nous a annoncé que nous sommes en fait en cessation de paiements depuis le 14 décembre 2023 en raison du fait que les créances ne pouvaient pas être assimilées à des actifs disponibles. » Tout en précisant que la coop avait toutefois 2 M€ en trésorerie.

Un redressement judiciaire sur 6 mois

C’est ainsi qu’est prononcé son redressement judiciaire avec la nomination d’un administrateur judiciaire chapeautant la phase dite d’observation durant laquelle celui-ci s’assure, entre autres, que tout achat de produits et de prestations est aussitôt réglé. « En situation de RJ, on ne peut pas produire un euro de dettes », remarque Jean-Pierre Gillen qui se retrouve à gérer une situation inédite dans son parcours professionnel.

À ce jour, il s'agit, avec le copilotage de l'administrateur judiciaire, de redresser la situation du mieux que possible afin de maintenir les activités, de préserver adhérents et salariés et d’avoir la capacité de rembourser les créanciers à l’issue de la période du redressement judiciaire qui devrait courir sur six mois.

Coopérative associée d’Oxyane

Les activités d’Avéal sont articulées autour de l’élevage (deux usines d’aliments), des cultures (20 000 t de collecte) et de la jardinerie (16 magasins) pour un CA agrégé de 60 M€ (37 M€ pour la coopérative mère) et 125 salariés au service de 1 450 adhérents actifs.

Précisons qu’Avéal est coopérative associée du groupe Oxyane depuis juillet 2021, date à laquelle elle est née du rapprochement entre la coopérative Téol et Agri Sud Est Saône-et-Loire qui était alors une filiale négoce de ce groupe coopératif. Ces entités se connaissaient bien puisque Téol entretenait un courant d’affaires avec Oxyane et, auparavant, avec ses deux coops aïeules, La Dauphinoise et Terre d’Alliances.

Rassurer adhérents et salariés

« Il va être fait en sorte de récupérer les créances et nous allons continuer d'optimiser la gestion des stocks », poursuit Gilles Mazille. Le niveau de créances adhérents est en effet particulièrement élevé pour cette coopérative située en zone d’élevage essentiellement bovins viande, secteur qui a connu des difficultés durant plusieurs années.

En communiquant aujourd’hui, les dirigeants tiennent à dire les choses comme elles sont et à rassurer notamment leurs adhérents et salariés. « Toutes les céréales achetées à nos adhérents sont payées et les salaires seront versés dans les délais habituels », affirme le président, appuyé dans ses propos par son DG soulignant qu’« il n’existe aucune zone d’ombre à ce sujet ».

Et ils souhaitent tous deux, si le feu vert est accordé à un adossement ou une reprise, que la future structure repreneuse, quelle qu’elle soit, « puisse préserver l’ensemble des activités d’Avéal sur son territoire ».

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