Agora veut « revitaliser » ses infrastructures
Après une collecte record et un bilan financier solide, Agora renforce sa stratégie avec une gouvernance renouvelée, un nouveau président, et une feuille de route RSE. Autre défi de taille : la modernisation de ses infrastructures et de sa logistique.
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Lors de son assemblée générale, mardi 10 décembre à Beauvais (Oise), Agora a annoncé une collecte 2023 record, à 1,05 Mt (+ 10 % par rapport à 2022). « Nous avons su relever les défis organisationnels grâce à une logistique optimisée et des choix stratégiques solides », s’est félicitée Agnès Duwer, directrice générale d’Agora. 75 % des adhérents ont sécurisé leur revenu avec un engagement en prix de campagne. Le prix moyen du blé Agora a atteint 220 €/t. « Nous avons su offrir une rémunération attractive malgré un contexte difficile », a souligné Thierry Dupont, président d’Agora depuis dix ans, et qui a décidé de passer le flambeau. Il est remplacé par Étienne Grodet, agriculteur à Reuil-sur-Brêche (Oise), élu à l’unanimité par le conseil d’administration de la coopérative à l’issue de l’assemblée générale.
Cette année, 94 % des volumes ont été réalisés à l’export, soulignant la forte dépendance au marché mondial d’Agora. « Face à cette situation, notre ambition est claire : diversifier nos débouchés, en développant des filières locales, détaille Thierry Dupont. Cet objectif vise à réduire notre exposition aux fluctuations internationales tout en sécurisant notre activité. Cela permettra d’orienter la coopérative et ses adhérents vers des marchés compétitifs et durables. Ces éléments, au même titre que l’adaptation de l’outil industriel, constituent un enjeu à moyen terme et long terme pour l’avenir de notre coopérative. »
Solide équilibre économique
Dans un contexte tendu fait d’incertitudes géopolitiques, le bilan financier de la coopérative reste toutefois « solide » pour la campagne 2023-2024. Le chiffre d’affaires atteint 370 M€, réparti entre la collecte (258 M€, -18 % par rapport à 2022-2023), les approvisionnements (102 M€, -23 %, du fait de la baisse du prix des engrais) et les semences (stable à 10 M€). Le résultat net s’établit à 3,4 M€, en ligne avec les performances historiques. L’EBE atteint 4,4 M€ (1,2 % du chiffre d’affaires), en retrait du fait de la hausse des coûts logistiques et énergétiques.
Pour 2024, les pluies excessives ont affecté les rendements des céréales. La collecte est estimée en recul de 20 %.
Pacte RSE déployé
Lors de cette campagne, Agora a déployé son « Pacte RSE », première pierre de sa démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce pacte est structuré en cinq piliers : protéger et former, agir pour le climat, capter les innovations et les diffuser, travailler ensemble sur le territoire, explorer les opportunités.
« Cette initiative, en phase avec notre stratégie Agora, vise à renforcer la résilience de la coopérative et des exploitations de nos associés coopérateurs face aux défis économiques, climatiques et sociétaux », insiste Agnès Duwer.
Le défi des infrastructures et de la logistique
Autre défi qui s’ouvre pour la coopérative et l’équipe renouvelée du conseil d’administration, celui des infrastructures et de la logistique. « Il s’agit de fondamentaux pour construire la robustesse de nos modèles d’avenir, estime la directrice. Or notre industrie a vieilli. 37 % des silos d’Agora ont plus de 40 ans, 18 % entre 20 et 40 ans. Nos infrastructures ont besoin d’être revitalisées, même si nous sommes mieux qu’au niveau national. » En effet, en France, la moitié des silos ont plus de 40 ans.
Un travail a été entamé en 2022 concernant les infrastructures d’Agora. Après un état des lieux, une analyse des pistes a été réalisée pour répondre à la sécurité des hommes, à la transition écologique avec la réduction de l’empreinte carbone, à l’amélioration de l’efficacité énergétique, au ciblage des investissements de confortation et de modernisation.
« Nous avons par ailleurs l’absolue nécessité d’optimiser notre logistique pour relever le défi récurrent de flux de plus en plus chaotiques », poursuit Agnès Duwer. L’augmentation de la part de la voie fluviale reste un objectif stratégique de la coopérative. Elle représente déjà 41 % chez Agora contre seulement 5,9 % au niveau français. Mais 59 % de la logistique d’Agora est encore assurée par les camions (77 % en France).
« Nous sommes entrés dans l’ère des écarts-types »
L’amélioration des infrastructures devra aussi répondre à des hauts standards de qualité des marchés, et surtout faire face aux problématiques du dérèglement climatique. Les variations de rendement, de qualité, d’emblavements vont s’intensifier. Pour y faire face, il va falloir s’adapter. « Cet enjeu des infrastructures et de la logistique est d’autant plus important que nous sommes rentrés dans l’ère des écarts-types et non plus dans l’ère des moyennes », soutient la directrice générale.
Et de poursuivre : « Face à l’impact géopolitique, l’intensification de la concurrence sur les marchés et la puissance de la financiarisation, nos besoins d’agilité vont aussi s’accroître. Il faudra être en capacité de sortir rapidement les grains, de les travailler et de les stocker dans les meilleures conditions, le plus longtemps possible, ou pas parfois. Il faudra donc disposer d’un outil adapté pour ne pas subir, mais construire sa stratégie de commercialisation aval. »
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