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L’association Chimie du végétal veut plus de biomasse

Bernard Chaud, président de l'ACDV lors du 15e anniversaire de l'association, jeudi 12 septembre à Paris.

Pour son quinzième anniversaire, l’association Chimie du végétal a convié l’ensemble de ses adhérents, jeudi 12 septembre à Paris, pour partager les attentes de la filière.

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« La production de produits biosourcés est à la fois une alternative aux matériaux d’origine fossile et une réponse aux problématiques de réindustrialisation et de décarbonation de la France », introduit Bernard Chaud, président de l’association Chimie du végétal (ACDV), à l’occasion de son 15e anniversaire, jeudi 12 septembre à Paris.

« La transition écologique, la réindustrialisation de nos territoires et le rétablissement des finances publiques sont les trois facettes d’un même problème, complète la sénatrice de l’Aube, Vanina Paoli-Gagin, invitée pour l’occasion. Seule une approche systémique, basée sur l’innovation, permettra de créer de nouveaux modèles économiques adaptés aux enjeux du XXIe siècle. »

Vanina Paoli-Gagin, sénatrice de l'Aube. (© M. HILARY)

Une étude, réalisée par Evea à la demande de l’ACDV, souligne que « la quantité de carbone contenue dans les produits biosourcés équivaut à près de 1,5 Mt équivalent CO2 par an, soit 475 000 t équivalent pétrole évitées ». Aujourd’hui, 11 % des ressources utilisées en chimie en France sont d’origine végétale.

300 M€ débloqués par France 2030

« Dans le cadre de France 2030, une enveloppe de 300 M€ a été débloquée pour doubler la production de bioproduits en France », indique Laura Grisat, directrice de cabinet à la Direction générale des entreprises (DGE) en charge de la chimie, des matériaux et des éco-industries.

Du côté de l’UE, deux textes ont été adoptés en 2024. Le Net Zero Industry Act promeut l’instauration d’une industrie bas carbone compétitive. Elle inclut désormais les produits biosourcés aux solutions biotechnologiques pour le climat et l’énergie. Et le règlement Proposal Packaging and Packaging Waste Regulation crée un cadre réglementaire favorable à l’utilisation de matériaux biosourcés.

Bernard Chaud, président de l'ACDV, et Laura Grisat, directrice de cabinet à la DGE en charge de la chimie, des matériaux et des éco-industries, ont présenté le livre blanc de l'association. (© M. HILARY)

Une production inférieure au potentiel

Malgré un arsenal de dispositifs publics d’accompagnement à l’innovation en France et une sécurisation pour l’accès à l’investissement en R&D au sein de l’UE, l’implantation de projets reste difficile.

« Il existe une distorsion entre les limites physiques, à savoir la disponibilité en biomasse, et les objectifs des pouvoirs publics », souligne Frédérik Jobert, adjoint du secrétaire général à la planification écologique (SGPE). L’usage de la biomasse étant stratégique, le gouvernement français tend à prioriser les débouchés « matière » plutôt que ceux liés à « l’énergie ». Mais pour Bernard Chaud, le développement de la filière reste en deçà de son potentiel. « Notre pays ne représente que 14 % de la bioéconomie européenne alors qu’il dispose de 29 Mha de terres agricoles. »

De gauche à droite, Audrey Le Bars, DG du GIP Chemparc, Henri Brébant, chargé des négociations du Pacte vert pour l'Europe à la DGE, Frédérik Jobert, adjoint du SGPE, et Magali Joessel, directrice du pôle investissements à BPI France. (© M. HILARY)

Des freins réglementaires et physiques

Henri Brébant, chargé des négociations du Pacte vert pour l’Europe à la DGE, a rappelé « le paradoxe européen d’une science excellente mais qui peine à s’industrialiser », bien que depuis vingt ans « de nombreuses actions ont été menées en ce sens ». « L’implantation d’usines dans les territoires se complexifie avec des attentes non seulement sur le foncier, les retombées sur les écosystèmes, l’employabilité, mais aussi la planification de l’électrification », témoigne Audrey Le Bars, directrice générale du groupement d’intérêt public Chemparc.

Dans un contexte de compétitivité internationale accrue, la lourdeur administrative est un vrai frein. « Les États-Unis prévoient d’injecter entre 350 et 800 Mds$ pour le développement de technologies luttant contre le réchauffement climatique, révèle Laura Grisat. Et, entre 2018 et 2022, les investissements chinois dans le secteur de la chimie ont été quatre fois supérieurs à ceux en Amérique et en Europe. » Pour l’économiste Christian de Perthuis, l’un des enjeux majeurs est « de rehausser la transformation du carbone vivant dans la stratégique climatique ».

Christian de Perthuis, économiste et auteur de "Carbone fossile carbone vivant : vers une nouvelle économie du climat". (© M. HILARY)

De ces freins, l’ACDV en a tiré un plan d’action, résumé dans un livre blanc. La création d’un environnement économique favorable, l’accès à des financements dédiés et l’amélioration de la communication et de la transparence des labels en sont les trois axes majeurs. « Nous souhaitons une équité européenne, une simplification réglementaire et plus de disponibilité de la biomasse », conclut le président de l’ACDV.

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