Secure colza : des leviers pour sécuriser la production

Malgré ses atouts agronomiques et environnementaux indéniables, la culture de colza est mise à rude épreuve ces dernières années, avec un recul de ses surfaces de 35 % en trois ans. En cause, le changement climatique et les conditions sèches au semis, mettant à mal l’implantation du colza, et la pression toujours plus importante des insectes, altises en tête.

C’est en partant de ce constat alarmant que la coopérative Noriap, le cabinet de consulting Agrosolutions et RAGT semences se sont réunis il y a un an pour apporter des solutions aux agriculteurs. Ainsi est né le projet « Secure colza », avec la mise en place d’une plateforme d’expérimentation, en août 2020, à Quevauvillers, dans la Somme. « L’objectif de ce projet est d’identifier les stratégies d’implantation les plus adaptées en fonction de l’opportunité de date de semis », explique Alizée Loiseau, consultante chez Agrosolutions.

Trois leviers de production influant sur l’implantation du colza sont ainsi étudiés sur la plateforme. En premier lieu, la date du travail du sol, avec deux dates testées. « Une bonne anticipation de l’implantation permet de limiter l’assèchement du sol juste avant le semis », expliquent les partenaires. Puis vient la date de semis avec quatre dates (7 et 24 août, puis 3 et 14 septembre) afin « d’étudier la dynamique de croissance de la culture à l’automne et sa résilience par rapport aux bioagresseurs », et notamment aux altises. Enfin, la fertilisation au semis. « Diverses options ont été envisagées et croisées, allant de l’absence de fertilisation à une fertilisation en NP starter localisée, en passant par l’utilisation de plantes compagnes », ces dernières étant la lentille et le trèfle d’Alexandrie.

« Soyez opportuniste ! Semez au plus tôt »

« Avec ce projet, nous cherchons à répondre à deux questions. Pour chaque date de semis, quelle est la stratégie à adopter pour une meilleure implantation ? Mais aussi quelle est la meilleure stratégie pour avoir la meilleure marge économique ? », analyse Alizée Loiseau. « Pour que la culture soit durable, elle doit être rentable », insiste Philippe Pluquet, responsable du pôle Agronomie et innovations de Noriap.

S’il faut attendre la récolte pour avoir les résultats définitifs de ces essais, début avril, plusieurs enseignements ont déjà été tirés. Sans surprise, les partenaires préconisent le semis précoce. « Il faut vraiment sensibiliser les agriculteurs au fait d’être de plus en plus opportunistes et semer le plus tôt possible, ou tout du moins dès qu’une fenêtre climatique s’ouvre », affirme Samuel Dubois, chef de marché hybrides RAGT.

Ces essais montrent en effet que le semis précoce a permis au colza d’atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises adultes, et donc d’économiser sur le poste insecticide. Il permet également un développement plus important de la biomasse, induisant par la suite une économie d’engrais azotés. Enfin, ce développement plus important de la culture lui apporte une meilleure résistance face aux larves d’altises. Autre enseignement, quelle que soit la date de semis, l’engrais starter a permis une croissance plus importante de la biomasse du colza de l’ordre de 30 % et les plantes compagnes ont apporté de l’azote en sortie d’hiver.

« Soyez opportunistes ! Semez au plus tôt et, derrière, adaptez l’itinéraire technique », résume simplement Alizée Loiseau, précisant tout de même qu’il est pour cela nécessaire d’avoir anticipé le travail du sol.

Lucie Petit