Login

MUTATION Sucre : nouveau régime

Les sucriers français se marquent à la culotte. Le 12 juin, Tereos, par la voix d'Alexis Duval,président du directoire, présentait ses résultats annuels. Le lendemain, c'était au tourde Cristal Union et de son DG, Alain Commissaire (à droite).

Dans un contexte de marché déprimé, les groupes sucriers Cristal Union et Tereos revoient chacun leur stratégie pour relever les nouveaux défis.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La fin du système des quotas sucriers et des prix garantis par le régime sucre européen, depuis octobre 2017, tombe dans un contexte de marché aux prix en net recul en raison d'un afflux de production inattendu de la part de l'Inde et de la Thaïlande, venant s'ajouter aux volumes en progression de 20 % en Europe. Cette dégradation des cours amène les deux groupes coopératifs Cristal Union et Tereos à acter de nouveaux choix stratégiques.

Fin du prix minimum chez Cristal

Ainsi, Cristal Union a décidé de mettre fin au prix minimum dès cette récolte 2018, après avoir toutefois versé 28,24 €/t de betteraves, pulpes et intérêts aux parts inclus, à ses coopérateurs pour la campagne 2017. « Lors des assemblées de section, nous avons tenu à avoir un message de vérité auprès de nos adhérents. Nous n'avons que des mauvaises nouvelles en fait avec un gouvernement qui abandonne son agriculture », explique Olivier de Bohan, le président de la coopérative sucrière. De plus, les investissements vont être divisés par deux, soit 50 M€ pour 2019, puis 35 M€, alors qu'ils se montaient à 70 M€ en 2017 et 92 M€ en 2018. Une décision d'autant plus facile à prendre que le groupe a déjà investi plus d'1 Md€ depuis 2010. C'est donc avec un outil tout à fait opérationnel et un dernier bilan financier positif, se soldant par un CA de 2 Mds€, en hausse de 20 %, et un résultat net de 49 M€, que Cristal Union se prépare pour un marché en pleine mutation. « Le conseil d'administration nous demande désormais de regarder les alliances ou les reprises possibles », affirme Alain Commissaire, DG du groupe.

Chez Tereos, on se réjouit d'« une année exceptionnelle de production » qui a permis de compenser l'évolution défavorable des cours du sucre. Avec 5,3 Mt de sucre produit en 2017-2018, soit 26 % de plus que l'exercice précédent, Tereos est en effet devenu cette année le deuxième sucrier mondial, derrière l'allemand Südzucker (6,25 Mt). Au final, si son CA est en hausse de 3 %, à 4,99 Mds€, le résultat net consolidé est tout de même plombé à - 18 M€ (contre + 106,7 M€ l'an passé). Mais le sucrier dit avoir privilégié les compléments de prix et dividendes versés aux coopérateurs (63 M€, contre 26 M€ en 2016-2017) pour offrir une rémunération finale des betteraves à 28,40 €/t. Pour 2018-2019, si le groupe s'attend à une hausse des exportations, les résultats de la division sucre en Europe pourraient être en baisse.

Tereos étudie l'ouverture de son capital

Enfin, Tereos a annoncé qu'une étude sur l'ouverture au capital allait être initiée. Il s'agit, selon le président du directoire, Alexis Duval, « d'appuyer une stratégie ambitieuse, comme c'est le cas dans d'autres groupes coopératifs français ou étrangers ». Ceci « plutôt dans un objectif d'être leader sur nos marchés », selon François Leroux, président du Conseil de surveillance depuis février. Ni l'échéance ni le montant de l'ouverture n'ont été dévoilés. Juste quelques précisions d'Alexis Duval : « Ce sera forcément minoritaire, et plutôt à l'échelle du groupe dans un esprit de simplicité, lisibilité et clarté.

R. F. et H. L.

R. FOURREAUX

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement