FERTILISATION Ça phosphore en engrais
Face à la volatilité du prix des engrais, le ministère de l'agriculture a commandité une étude qui vient de faire l'objet d'un séminaire de réflexion.
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Renforcer l'optimisation des consommations d'engrais, favoriser l'émergence de fertilisants alternatifs et développer une politique industrielle ambitieuse, tels sont les trois grands axes retenus dans la conclusion d'une étude (1) réalisée par le cabinet GCL Développement durable pour le compte du ministère de l'Agriculture. Ce dernier pourrait en effet envisager une éventuelle action publique, afin de minimiser l'exposition des agriculteurs aux fluctuations du prix des engrais.
Limiter la consommation
Une solution qui tente les pouvoirs publics serait de réduire quantitativement les utilisations. Le représentant du ministère de l'Ecologie, présent à la table ronde parisienne du 28 juin sur le sujet, trouve même qu'un plan EcoFertilisation 2020, proposé par l'étude sur le modèle d'Ecophyto 2018, avec des objectifs chiffrés de réduction, est " une super idée ". A ceci, Antoine Poupart d'InVivo oppose une politique ciblée sur l'impact. En clair, contraindre non pas sur les moyens mais sur les résultats et le vérifier par des indicateurs.
" D'accord pour s'intéresser à l'impact, répond le représentant du ministère de l'Agriculture. Mais à court terme, il faut regarder quels outils promouvoir pour baisser l'utilisation. " L'Unifa préfère un programme basé sur la diffusion des bonnes pratiques et sur l'innovation.
Encourager une fertilisation alternative
Selon Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa, " il faut pouvoir faciliter, sans court-circuiter la phase d'évaluation, la mise sur le marché de nouveaux engrais ", tels que des retardateurs de nitrification ou des extraits végétaux. Pierre Stengel de l'Inra souligne que " la fertilisation n'a pas été le sujet de recherche le plus vivant de ces dernières années ", alors que des voies de progrès existent concernant l'efficience des pratiques de fertilisation ou du matériel végétal lui-même, la contribution des processus naturels de fertilisation (légumineuses...) et le recyclage des éléments fertilisants. Même s'il faudrait, sur ce dernier point, faire tomber les contraintes logistiques et réglementaires, sachant que " les sources de fertilisants organiques sont déjà largement utilisées ", selon Philippe Eveillard de l'Unifa.
Maintenir une industrie solide
L'émergence d'un acteur industriel français, recommandée par l'étude, n'est pas non plus forcément une évidence. Déjà, " l'industrie et la distribution, ensemble, jouent un rôle d'amortisseur sur les prix ", fait savoir Gilles Poidevin, en évoquant des prix d'achat d'engrais par les agriculteurs français qui n'ont même pas doublé entre 2005 et 2008, dans un marché mondial sens dessus dessous. Un ancien directeur agrofournitures estime, quant à lui, que " le marché français sera approvisionné car il est solvable ", même si la France est passée en vingt-cinq ans de la place de 4e à 7e consommateur mondial d'engrais.
Renaud Fourreaux
(1) Disponible sur http://agriculture.gouv.fr/sections/ publications/études/
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