Harrys, un cahier des charges en Or
Il y a un an, Harrys amorçait un tournant en lançant sa filière blé « Moelleux et responsable ». Le troisième acheteur de farine de blé tendre en France compte amener d’ici 2026 l’ensemble des producteurs partenaires au niveau Or de son cahier des charges, coconstruit avec l’ensemble des acteurs.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Numéro 1 de la boulangerie préemballée et n° 2 de la viennoiserie en France, la marque Harrys, appartenant au groupe Barilla depuis 2003, lançait en mai 2018 sa filière blé « Moelleux et responsable ». Elle repose sur un cahier des charges construit conjointement avec les agriculteurs, les organismes stockeurs et les meuniers, et qui se traduit en un engagement mutuel des agriculteurs à améliorer leurs pratiques environnementales et de Barilla à mieux les rémunérer.
Jusqu’à 23 €/t de prime
Plutôt original, il est construit sur trois niveaux, Bronze, Argent et Or, « afin de récompenser les efforts réalisés par les agriculteurs et mettre en place les pratiques agroécologiques », signale Fabien Guillot, directeur achats blé tendre, farines et céréales pour le groupe Barilla. Sachant qu’une part minimale doit revenir à l’agriculteur : 6 €/t sur les 11 €/t du niveau Bronze, 11 €/t sur les 18,50 €/t du niveau Argent et 14 €/t sur les 23 €/t du niveau Or. Pour valider le passage à un niveau supérieur, il faut accumuler six points par une combinaison de pratiques plus exigeantes. Il s’agit d’options que l’agriculteur peut choisir de prendre, ou pas. « On a souhaité laisser une certaine flexibilité à l’agriculteur pour qu’il puisse faire son choix en fonction de son expertise et de la réalité locale à laquelle il doit faire face. » De plus, Barilla propose des contrats pluriannuels pouvant aller jusqu’à trois ans, même si pour la première année, aucun agriculteur n’a souhaité aller jusque-là.
« La complexité apparente de notre cahier des charges s’explique par la manière dont il a été conçu. Il est le résultat d’une coconstruction pendant plusieurs mois avec tous les acteurs de la filière, ainsi qu’avec des experts en agronomie, en développement durable, et des organismes certificateurs. À la fin, nous avons réuni nos partenaires pendant deux jours, et nous sommes arrivés au niveau Or du cahier des charges. Comme la marche est haute, nous avons décidé d’entrer dans une démarche de progrès. »
Si l’ensemble des agriculteurs ont démarré au niveau Bronze en 2018, un tiers sera déjà au niveau Argent en 2019, l’objectif étant d’aligner tout le monde sur le niveau Or en 2026. Parmi les exigences finales, des actions en termes de diversification de l’assolement (par exemple, 5 ans minimum depuis la dernière culture de blé), d’utilisation de semences certifiées, d’outils de pilotage de fertilisation et d’OAD en protection des cultures, de calcul des IFT, de traitement du grain après récolte, etc.
Des exigences envers l’OS
L’ensemble du cahier des charges est d’ailleurs disponible, « en toute transparence », sur le site www.harrys.fr. Les six partenaires OS (Axéréal, Caproga, Dijon céréales, Scara, Soufflet agriculture et Terrena) et les cinq meuniers (Axiane meunerie, Caproga La Meunière, Grands moulins de Paris, Moulins Soufflet et Terrena meunerie) ont également des obligations en termes de politique sécurité, de traçabilité ou de participation aux animations de la filière. Harrys est d’ailleurs pleinement attachée à ces journées d’échanges pour partager des retours d’expériences et proposer des pistes d’amélioration. La marque est en train d’organiser une journée destinée aux TC d’Axéréal pour leur faire visiter l’outil de production, réexpliquer sa démarche et leur fournir des supports afin de simplifier leur propre approche auprès des agriculteurs. À terme, la mise en place de la filière représentera pour Harrys un investissement de près de 3 M€/an. Si Barilla n’est pas sûr de pouvoir le répercuter auprès de la grande distribution, l’industriel pourra néanmoins porter un discours de durabilité.
50 % du chemin fait en 2019
Barilla se fixe comme objectif d’atteindre en 2021 100 % de la sélection de blés meuniers récoltés sous filière « Moelleux et responsable Harrys ». Les sélections de blés meuniers représentent en moyenne 70 % du blé utilisé dans les pains et viennoiseries Harrys. Les 30 % restants sont constitués pour moitié de blé de force, et pour l’autre de variétés pures. « Par nature, ils sont là pour corriger le profil du mélange, et sont donc variables selon les années. Difficile de contractualiser avant récolte, même si nous allons regarder s’il y a une base d’approvisionnement stable, quelles que soient les années. »En 2018, la première récolte de blé tendre sous filière représentait déjà 25 % de l’approvisionnement en sélections de blés meuniers, soit 27 000 t cultivés par 183 agriculteurs.
« L’approche a visiblement su trouver écho auprès des agriculteurs puisque, sur l’objectif de 58 000 t de contractualisation transmis aux OS pour 2019, on enregistrait déjà un retour effectif de 52 000 t début avril. Par ailleurs, les volumes doublent sans multiplier par deux le nombre d’agriculteurs. Cela signifie que les pionniers ont tendance à en cultiver davantage pour la filière », se félicite Fabien Guillot.
Renaud Fourreaux
Pour accéder à l'ensembles nos offres :