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Tendances Aider les agriculteurs à calculer leur seuil de commercialisation

B. CAILLIEZ

Dans un contexte chahuté, certains OS, comme Valfrance ou Groupe Carré, accompagnent l’agriculteur dans la détermination du prix de revient de ses productions.

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Flambée du cours des engrais, hausse du prix des carburants, impact de la sécheresse, extrême volatilité des cours des céréales… Jamais les coûts de production d’une tonne de blé ou de maïs n’ont été aussi variables d’une exploitation à une autre. Pour aider les agriculteurs à les calculer, la coopérative de l’Oise et de Seine-et-Marne, Valfrance, propose une prestation clé en main qui fournit à ses adhérents le prix de revient, sans tenir compte des aides Pac et seuil de commercialisation, aides Pac intégrées, de chacune de ses cultures.

Le Groupe Carré, dans les Hauts-de-France, propose aussi à ses clients agriculteurs de calculer le prix de revient de leurs céréales, mais en groupe, et à la parcelle. Il est d’autant plus important cette année de bien évaluer ces différentes données pour un agriculteur, que certains se sont positionnés très tôt sur la vente de leur blé ou colza, et sur un pourcentage de leur production parfois très élevé, au-delà de 60 %.

Prestation individuelle ou en groupe

« L’objectif est de connaître le prix minimum auquel les agriculteurs doivent vendre leur production pour dégager un bénéfice, ainsi que de repérer les points qui vont leur permettre d’améliorer la rentabilité de leurs cultures, souligne Maud Frappart, responsable animation et formation Ferme pilote chez Carré. Ce groupe, qui existe depuis quatre ans, comptait jusqu’à présent une vingtaine d’agriculteurs. Nous devrions passer cette année à une cinquantaine. » La forte hausse du prix des engrais et les incertitudes sur la vente des céréales doivent y être pour quelque chose dans l’intérêt des agriculteurs. Carré a aussi mis plus de moyens cette année pour faire connaître ce service aux agriculteurs.

« Le calcul du seuil de commercialisation est une prestation payante que nous proposons depuis plusieurs années aux adhérents de la coopérative, précise Alain Randon, expert agroéconomique chez Valfrance. Nous analysons de façon très fine l’ensemble des cultures de l’exploitation, et pas seulement le blé. De même, nous prenons le temps de bien répartir les charges entre chaque culture. » La coop prend en compte la rémunération du travail sur la base de 24 000 € (hors cotisations sociales) par tranche de 140 ha de SAU. « Pour la récolte 2021, nous avons obtenu en moyenne un seuil de commercialisation de 160 €/t, indique-t-il. Il était en cohérence avec les prix de vente du blé à l’époque. Mais les situations sont très diverses d’une exploitation à l’autre, avec des écarts qui sont allés de 125 à 175 €/t. » Même constat chez le négoce Carré. Le seuil de commercialisation des agriculteurs qui se sont prêtés au jeu en récolte 2021 est allé, selon les parcelles analysées, de 120 à 180 €/t.

Dans le contexte actuel, « il est devenu très difficile pour les agriculteurs de se situer cette année pour décider de la vente de leur blé ou de l’achat de leurs engrais », expliquent les responsables d’Arvalis. C’est pourquoi ils ont eux aussi décidé de concevoir un nouvel outil ImpactCoutProduction afin d’aider les agriculteurs à calculer le prix de revient de leur production. L’institut technique a pour cela travaillé en collaboration avec l’AGPB, l’AGPM et l’UNPT.

Un outil Arvalis disponible en ligne

Accessible en ligne, cet outil est mis gratuitement à la disposition des producteurs. Il leur permet de connaître les coûts de production de leurs cultures, en fonction de leurs propres rendements ou de l’évolution de leurs charges. Il intègre non seulement les postes semences, engrais et produits phytos, mais aussi irrigation, mécanisation, carburant, amortissements, frais financiers, main-d’œuvre salariée et de l’exploitant, fermage, stockage, entretien et réparation. Une fois les données rentrées, l’outil fournit les résultats sous forme de tableaux et de graphiques avec le montant détaillé des charges, le coût de production et le seuil de commercialisation en €/t, et la marge en €/ha. L’agriculteur peut réaliser en même temps trois simulations, en faisant varier les charges et le rendement. Il peut, par exemple, comparer la récolte 2021, la récolte 2022, avec les intrants qu’il vient d’acheter, et la récolte 2023 en faisant une estimation de ses charges. Une comparaison très pertinente, car 2023 risque d’être encore plus compliquée à gérer pour les agriculteurs que 2022.

Blandine Cailliez

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