Un programme de rémunération carbone nouvelle génération

« Soil Capital Carbon, c’est un moyen d’aller chercher une meilleure rentabilité économique au travers de la fertilité des sols », explique Chuck de Liederkeke, cofondateur et CEO de Soil Capital, société belge de conseil agronomique. Ce programme, « le premier programme de rémunération carbone européen pour les agriculteurs par les agriculteurs », récompense les agriculteurs engagés dans une agriculture plus vertueuse pour le sol, comme l’agriculture de conservation des sols. « Les sols vivants sont en mesure de répondre à l’enjeu majeur du réchauffement climatique. En effet, l’agriculture régénérative permet à un exploitant de stocker plus de carbone qu’il n’en émet, la solution est sous nos pieds ! », complète Nicolas Verschueren, cofondateur de Soil Capital et agriculteur belge.

Pour rejoindre le programme et accéder à un marché du carbone certifié, l’agriculteur réalise en amont un bilan de son exploitation avec Soil Capital grâce au Cool Farm Tool, un outil de calcul d’impact répondant à la norme Iso 16064-2 concernant les gaz à effet de serre. Un référentiel carbone fixe le cap pour les cinq années suivantes au cours desquelles l’agriculteur reçoit 80 % de la rémunération. « Chaque année, un bilan des GES est réalisé par Soil Capital. L’agriculteur se voit attribuer des certificats carbone en fonction des tonnes de carbone évitées ou stockées. Des auditeurs indépendants et certifiés peuvent aussi réaliser des contrôles. » Les 20 % restants constituent une réserve d’assurance permettant de compenser « un évènement de perte » de carbone dans les dix ans suivant l’émission des certificats. Les certificats carbone générés sont commercialisés par South Pole, une société de conseil en financement carbone. Le prix de la tonne de carbone est fixé à 27,50 €. « C’est le prix minimum pour que ce soit intéressant pour l’agriculteur, explique Chuck de Liederkeke. Cela reste le minimum pour nous et il va être amené à évoluer à la hausse. » 500 000 € ont déjà été engagés pour le rachat de ces certificats, notamment par Cargill et IBA, une société belge de technologies médicales.

10 000 agriculteurs à l’horizon 2025

« Un agriculteur, sur une exploitation de 100 ha en Hauts-de-France, s’engageant dans des pratiques régénératives, pourrait capter 2 tonnes éq CO₂ par an. Ce qui correspond à 5 500 € chaque année », détaille-t-il. Sont à déduire, 980 € chaque année pour couvrir les frais de diagnostic, d’audit et de commercialisation des certificats. Le programme est pour le moment ouvert aux exploitations belges et françaises orientées grandes cultures, une offre sera prochainement développée pour les éleveurs. Une vingtaine d’exploitations sont déjà engagées, l’objectif est d’atteindre les 150 d’ici fin 2020 et 10 000 à l’horizon 2025. « On lance aujourd’hui un appel aux agriculteurs mais aussi aux entreprises pour nous rejoindre, déclare Chuck de Liederkeke. Nous sommes ouverts à des partenariats avec les agronomes indépendants, les Ceta ou encore les coops et les négoces qui sont leurs interlocuteurs privilégiés. »

Lucie Petit