« Nous sommes sur un marketing du besoin »
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« Quelles sont les spécificités de Corteva Agriscience, nouvel acteur mondial ?
Jean-Philippe Legendre : La première spécificité de Corteva Agriscience est d’être une société dont les activités sont tournées à 100 % vers le domaine agricole. La deuxième, c’est d’avoir au niveau mondial un chiffre d’affaires quasiment réparti à égalité entre les produits phytosanitaires et les semences. C’est une chance pour nous, on est présent de la semence jusqu’au champ et ça passe aussi par des technologies à la limite des deux, comme les traitements de semence. En conséquence, nous avons des équipes pluridisciplinaires dans nos organisations, mondiale mais aussi française. Au niveau des ventes, on continue d’avoir des réseaux spécialisés, semences et phytos, mais, par exemple, en marketing, on a à la fois des personnes spécialisées par activité et des personnes avec la double casquette qui travaillent sur des solutions combinatoires semences et phytos. Enfin, la pérennité de nos solutions passe aussi par l’innovation. On a la chance aujourd’hui d’avoir un portefeuille riche de nouveautés, d’innovations, que ce soit en phytos ou en semences. C’est là notre troisième spécificité.
Quelle est la mission de Corteva ?
M axime Champion : Nous travaillons au service de ceux qui produisent, les agriculteurs, mais aussi les filières agricoles de manière générale, pour répondre aux attentes de ceux qui consomment. Nous sommes concentrés sur ces deux sources de besoin.
Comment cet engagement se traduit-il concrètement ?
M. C. : Cela amène une grosse différence dans la manière de travailler, notamment au niveau du marketing. Nous sommes sur un marketing du besoin, et non plus sur un marketing produit, sachant qu’il y a des besoins exprimés par l’agriculteur pour continuer à produire, de façon rentable, mais aussi énormément de besoins exprimés au niveau du consommateur et qui se relaient au travers des cahiers des charges, donc des filières au sens large. Ces deux orientations fortes justifient pour certains départements un modèle de fonctionnement transversal. À partir de ce marketing du besoin, on réfléchit toutes activités confondues, et non pas uniquement protection des plantes, semences, services d’accompagnement, optimisation ou digital, c’est un ensemble dans notre réflexion. On essaie donc d’être davantage en proximité de ces deux cibles-là qu’on ne l’a été jusque-là, et cela se traduit de façons différentes. On a annoncé l’an dernier l’approche Food Chain Connext. L’idée est qu’au sein de l’investissement Corteva, on dédie des ressources à ce travail de connexion avec les filières, pour la mise en place d’initiatives et d’approches intégrées qui permettent de rapprocher les attentes exprimées dans les cahiers des charges avec les réalités de production.
Quelle est la perception de Corteva sur la pression réglementaire actuelle en France ?
J.-P. L. : On doit dans un premier temps prendre en compte ce qui vient d’Europe, et ensuite ce qui se passe en France, où l’on assiste à des évolutions réglementaires qui sont soit de surtransposition, soit très spécifiques. Et on s’interroge sur le poids de la science dans ces décisions. On a l’impression que ce sont plutôt des considérations non scientifiques, ou toutes autres considérations, qui sont prises en compte, et évidemment cela nous interpelle car nous avons besoin de visibilité, et surtout de lisibilité. Nous sommes sur des activités de long terme, pour sortir des molécules ou des semences. Il est vraiment nécessaire qu’on puisse avoir une lisibilité assez poussée des réglementations, d’autant plus qu’on a investi ces derniers mois à peu près 35 M€ en France. C’est également un point important pour l’agriculture française parce qu’il faut aussi éviter que des décisions locales, non prises en Europe, et qui ne sont pas basées sur des critères totalement scientifiques, créent des distorsions de concurrence vis-à-vis de nos agriculteurs, de nos filières agricoles, de nos distributeurs, ou les laissent carrément sans solution. Cette lisibilité est aussi dans l’intérêt des entreprises internationales pour considérer le marché français comme un marché sur lequel il faut investir. Nous avons vraiment la volonté de répondre à toute la réglementation en vigueur, on comprend les attentes sociétales, bien évidemment. Or il faut du temps, et je pense que l’industrie d’une façon générale, et Corteva en particulier, est prête à relever le défi, joue le jeu et le relève déjà. Maintenant, ça ne peut pas se faire en claquant des doigts et sur une phase de temps trop rapide. »
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