SUCRE Tentaculaire Tereos
Le 2e groupe coopératif français, pas loin derrière InVivo, franchit la barre symbolique des 5 Mds€ de CA, et met un pied en Chine et dans les Balkans.
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Alexis Duval, le nouveau président du directoire de Tereos depuis le 1er octobre, a la pression. Le bilan laissé par son père, Philippe Duval, à ce poste est exceptionnel. Ces dix dernières années, le chiffre d'affaires consolidé du groupe a connu un taux de croissance annuel moyen de 13 % pour s'élever, au 30 septembre 2012, à 5 037 M€. C'est surtout la betterave, et dans une moindre mesure les céréales, qui ont dopé l'exercice 2011-2012, la canne ayant plutôt fait une contre-performance en raison d'une chute de production au Brésil. Ce qui justifie pleinement la stratégie du numéro 4 mondial du sucre, selon Alexis Duval : « On a le sentiment d'être plus fort grâce à ce double équilibre, à la fois géographique, et au niveau des matières premières. » Sans oublier la diversification des débouchés (produits amylacés, éthanol, stevia, gluten, cogénération).
Alliance avec un géant asiatique
Car Tereos est partout, ou presque. En Europe, dans l'océan Indien et au Brésil, bien sûr, où une amidonnerie de maïs va être mise en fonction. Mais Tereos n'a pas l'intention de s'arrêter là. Conscient que la Chine est devenue le premier consommateur d'amidon depuis 2010, le groupe y construit une amidonnerie, en coentreprise avec Wilmar, le premier transformateur asiatique de produits agricoles. Elle convertira à partir de 2014, 500 000 t de blé en produits amylacés (glucose, amidon, alcool de grain...). Enfin, tout récemment, Tereos vient d'acquérir une sucrerie en Roumanie, alors que les Balkans connaissent un déficit de sucre d'environ 1 Mt. « La sucrerie est fonctionnelle, mais les rendements betteraviers ne sont que de 30 à 40 t/ha, comme lorsque nous sommes arrivés en République tchèque en 1992 », décrit Yves Belegaud, directeur de la division betteraves. Et d'évoquer pour 2014 un projet d'irrigation de 1 000 ha sur les 5 000 ha qui fournissent la sucrerie.
Une rémunération de 3 800 €/ha
L'activité en France représente encore 25 %, une part qui reste assez stable, en raison de la poursuite du développement sur son territoire d'origine. Comme l'acquisition il y a un an de la féculerie d'Haussimont (Marne) ou la mise en route de l'unité d'extraction de bétaïne à Origny-Sainte-Benoîte (Aisne) en partenariat avec DuPont. Tereos compte d'ailleurs encore renforcer sa productivité industrielle en Europe, par des économies d'énergie et une flexibilité de l'outil industriel, comme à Lillebonne (lire ci-contre). Bref, les 12 000 coopérateurs peuvent être contents. Avec une récolte record de betteraves et des cours soutenus du sucre, Tereos leur a versé pour l'exercice 2011-2012, 110 M€ de compléments de prix et dividendes, en hausse de près de 50 % ! Tout compris, les coopérateurs du groupe ont ainsi touché 3 800 €/ha. Cette année, cela pourrait être moins, avec des rendements revenus dans la moyenne et un marché du sucre excédentaire au niveau mondial, donc moins rémunérateur.
Renaud Fourreaux
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