Centre-Est Aux Etats généraux, Négoce Centre-Est préfère les Etats généreux !

« La France désarme en agriculture au moment où les autres aiguisent leurs stratégies, constate Sébastien Abis, directeur du Club Demeter, spécialiste de la géopolitique du blé. Il regrette que « les 5 milliards d'euros du plan d'investissement pour l'agriculture, ce n'est que de la tuyauterie, ce n'est pas de l'argent frais. »

A deux voix avec Christophe Dequidt, responsable du pôle Communication et mobilisation du groupe Triangle, qui a fait « le tour du monde des moissons », ils ont dressé un panorama des pays qui considèrent l'agriculture comme stratégique : la Chine, « la plus grande entreprise du monde », la Russie, qui fait son « réveil agricole », l'Australie, où « des distributeurs comme vous investissent dans l'agriculture, et qui sont à la fois agriculteurs et négociants », ou encore l'Argentine, « un modèle d'organisation économique de l'agriculture ».

« La lame de fond, ce n'est pas Agriconomie mais JD.com »

Interrogé par Sophie Ruzé, directrice associée des Ets Ruzé, concernant l'ubérisation de la distribution agricole, Sébastien Abis a proposé son analyse : « Toutes les start-up se font rattraper par d'autres acteurs. La lame de fond, ce n'est pas Agriconomie, c'est Amazon, Alibaba et JD.com, le géant chinois de la vente en ligne qui vient d'ouvrir un bureau à Paris. Tous comptent mettre dans le circuit des produits agricoles et agroalimentaires. Mais je ne suis pas sûr que ce sera plus facile de dialoguer avec eux qu'avec Carrefour et Leclerc. »

« Si vous vous mettez la tête dans le sable, vous allez avoir du mal avec ce qui va se passer dans les six mois ou les années qui viennent », pointe Christophe Dequidt, qui estime d'ailleurs que « 20 % des exploitations actuelles françaises feront trois quart du chiffre d'affaires de la distribution en 2020 ». Sébastien Abis tempère : « Mais ne succombez pas à l'agenda du quotidien. Le temps long, c'est déterminant dans vos métiers. »

Mobilisation sur la séparation du conseil et de la vente

« Si nous ne bougeons pas, d'autres le feront à notre place, appuie Catherine Racle, la nouvelle présidente de Négoce Centre-Est depuis mars dernier. Les changements vont être immanquablement rapides et sévères. De nombreux schémas agricoles existent ou peuvent aussi être inventés. Nous sommes tous attentifs aujourd'hui et depuis presque un an, aux réflexions politiques et sociétales qui souhaitent modifier le modèle agricole français. »

Les Etats généraux de l'alimentation ont en effet mobilisé le comité régional depuis près d'un an. « Nous avons notamment rencontré des parlementaires », ajoute Catherine Racle, et de citer deux dossiers particulièrement épineux pour la distribution agricole : l'interdiction des 3R dans les contrats de vente des phytos, et la séparation du conseil et de la vente des phytos.

A noter que Négoce Centre-Est a accueilli récemment Les matières consommables, un négoce de l'Allier.

Renaud Fourreaux