Tereos De vives réactions après l'exclusion des trois coopérateurs
Alors que les agriculteurs exclus de Tereos ont annoncé qu'ils allaient contester leur exclusion, coopératives et syndicats réagissent à leur tour à cette décision quasi inédite au sein de la coopération agricole. Tereos, de son côté, invite la CGB à ne pas s'immiscer dans une affaire interne, d'autres sujets étant à ses yeux beaucoup plus préoccupants.
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« Nous avons été abasourdis par la décision prise par nos anciens collègues du conseil de surveillance de nous exclure, nous a confié Gérard Clay, agriculteur dans le Pas-de-Calais, qui a appris le 16 août dernier, son exclusion de la coopérative Tereos, au même titre que Gilles Bollé et Xavier Laude, producteur de betteraves dans l'Oise et le Nord. Puisque cette exclusion n'a aucun fondement, nous avons décidé de la contester devant les tribunaux compétents. »
Ils n'ont pas été les seuls à s'exprimer en ce début de semaine. La décision de Tereos d'exclure trois de ses adhérents a également provoqué des réactions de la part des syndicats agricoles, mais aussi du monde coopératif.
Appel à la conciliation
« Tant qu'il s'agissait de démissions, nous étions désolés de la situation chez Tereos, mais nous avions décidé de ne pas intervenir, explique Luc Desbuquois, vice-président de Coop de France Hauts-de-France, membre du bureau d'Unéal. Nous avons été secoués par l'exclusion des trois élus. Nous avons voté pour des agriculteurs qui étaient chargés de nous défendre, et le fait que cette mission les conduise à être exclus de leur coopérative et se retourne à titre personnel contre leur entreprise, au point de ne plus pouvoir produire de betteraves, c'est impensable. »
Il estime que dans un conseil d'administration, tout le monde n'est pas toujours d'accord et c'est normal. « Mais on n'exclut pas pour autant, ceux qui expriment leur désaccord, indique-t-il. En tant qu'agriculteur, vice-président de Coop de France Hauts-de-France, membre de Coop de France et adhérent de Tereos, je me mets à la disposition des deux parties, pour permettre une éventuelle conciliation. Tereos est une belle entreprise, nous avons tous intérêt à ce qu'elle fonctionne bien, afin d'obtenir le meilleur prix possible pour nos betteraves. »
Refuser la gouvernance de la peur
« Je croyais naïvement que le droit de débattre était l'évidence même, souligne également Hans Dekkers, président de la CGB dans l'Oise mais aussi, président de la coopérative Ucac (Oise) et membre de Coop de France Hauts-de-France. Nous devons barrer la route à ceux qui veulent instaurer la gouvernance de la peur. Nous devons dire non à ceux qui remplacent la négociation par la coercition, le débat par le monologue. Nous devons pointer du doigt ceux qui utilisent la force de la menace pour ne plus voir qu'une tête. »
Malgré des propos très durs, il appelle lui aussi au dialogue. « Que faire ? Partir en guerre ? Mais même après une guerre, il faut négocier, remarque le responsable agricole de l'Oise. Alors ne peut-on pas commencer par se parler à nouveau ? La transparence réclamée par les uns est légitime, et elle n'est pas incompatible avec la confidentialité qui est elle aussi indispensable à la conduite de toute entreprise, coopérative ou non. »
Une prise de position pas du goût de Tereos
La Confédération générale des producteurs de betteraves a aussi été choquée par l'exclusion des trois agriculteurs. « La CGB s'oppose fermement à cette exclusion, souligne son président, Eric Lainé, dans un communiqué le 20 août. Elle mettra tout en oeuvre pour les assister et rétablir leurs droits en tant que betteraviers. »
Une prise de position qui n'est pas du goût de Tereos. « Nous appelons la CGB à ne pas chercher à interférer avec nos processus électifs, qui ne concernent que nos adhérents, indiquent les responsables de la coopérative sucrière, dans un communiqué de presse daté du 23 août. Et nous l'invitons à travailler main dans la main avec les représentants légitimes des coopérateurs de Tereos, sur les sujets importants, pour les planteurs de betteraves. » Ils font notamment référence à la sécheresse et à l'interdiction des néonicotinoïdes.
« Réintégrer les exclus »
Entre-temps, les FDSEA, JA et CGB des départements Nord-Pas-de-Calais, Oise et Somme, ont aussi désapprouvé l'exclusion des trois agriculteurs, dans un communiqué diffusé le 21 août. « Les principes fondamentaux de la coopération sont portés par le syndicalisme, nous n'acceptons pas d'exclusion d'adhérents pour divergence d'idées, nous demandons le réexamen de cette décision en vue de leur réintégration, insistent l'ensemble de leurs présidents. La non-représentation de régions entières au sein de la coopérative pose un immense problème. Il faut tout mettre en oeuvre pour retrouver l'équilibre entre les territoires au sein du conseil de surveillance de Tereos. »
La Coordination rurale annonce également soutenir « ces agriculteurs élus de la coopérative qui par leur action visent à un retour de l'esprit coopératif chez cet empire industriel, souligne le syndicat dans un communiqué. Elle trouve que ce triste événement illustre malheureusement les dérives financières de certaines coopératives ».
Blandine Cailliez
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