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Chez Tereos  Les trois coopérateurs menacés d'exclusion, entendus

Gérard Clay, l'un des trois démissionnaires convoqués : « On nous reproche de dire la vérité. » © DR Gérard Clay, l'un des trois démissionnaires convoqués : « On nous reproche de dire la vérité. » © DR

Les démissionnaires qui sont l'objet d'une procédure d'exclusion connaîtront le verdict de la coopérative, dans quelques jours. Avant de se rendre à leur comparution le jeudi 9 août, ils s'étaient exprimés dans un nouveau communiqué de presse. A leur sortie, Gérard Clay, l'un d'entre eux, nous a confié qu'il restait déterminé.

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Le 9 août après-midi, dans les locaux de la sucrerie de Bucy-le-Long dans l'Aisne, Gérard Clay, Gilles Bollé et Xavier Laude ont été entendus par le conseil de surveillance de Tereos dans le cadre d'une procédure d'exclusion. Ils sauront s'ils sont exclus ou pas de la coopérative dans quelques jours. Ils font partie des 70 élus sur 172 qui ont présenté leur démission à la coopérative le 9 juillet dernier, et étaient tous trois, membres du conseil de surveillance de la coopérative sucrière, et président d'une région.

Stupéfaction devant les griefs reprochés

« Nous avons été stupéfaits par les griefs qui nous ont été reprochés, par la méthode qui a été employée, une convocation dans les trois jours en plein mois d'août, et par cette demande de « comparution » devant le conseil de surveillance, a expliqué après leur comparution, l'un d'entre eux, Gérard Clay, agriculteur dans le Pas-de-Calais. Nous avons lu aux membres du conseil de surveillance présents, une déclaration que nous avions préparée, nous avons été écoutés, mais nous ne connaîtrons leur décision à notre égard que dans quelques jours. »

Une situation inédite dans l'histoire de la coopérative

Il reconnaît que cette menace d'exclusion, complètement inédite dans l'histoire de la coopérative, en a fait réagir beaucoup et que les trois agriculteurs ont reçu des soutiens de toute part. « Ce ne sont pas trois agriculteurs que l'on veut exclure, ce sont trois élus qui représentent 7 500 coopérateurs, soit près de 63 % des adhérents de Tereos, indique-t-il. On nous reproche de dire tout simplement la vérité. Pour plusieurs membres du conseil de surveillance, il s'agit d'un dénigrement. Mais nous n'avons jamais dénigré Tereos. La menace d'exclusion n'entame en rien notre détermination à obtenir des réponses, à rétablir un dialogue démocratique, et à ramener Tereos à une gestion saine et durable, dans le seul intérêt des coopérateurs. »

Il estime que depuis de nombreux mois, les trois anciens membres du conseil de surveillance ont exprimé de bonne foi et de manière circonstanciée, les inquiétudes légitimes des adhérents. « C'est une liberté fondamentale dont nous disposons et un devoir vis-à-vis de ceux que nous représentons », poursuit Gérard Clay.

Une réponse au président de Tereos

Avant de se rendre à leur convocation, ils avaient répondu dans un communiqué, avec les quatre autres anciens membres du conseil de surveillance de la coopérative démissionnaires, au communiqué de presse de Tereos et à l'interview que François Leroux, son président, a accordé à la France Agricole et à Agrodistribution­.

« Pendant deux ans, nous avons tenté d'avoir des chiffres, en respectant scrupuleusement la confidentialité des débats, soulignent les signataires du communiqué. Le directoire a fait barrage à nos demandes… Il nous a fallu attendre de récupérer le dépôt des comptes au greffe du Tribunal pour pouvoir analyser certains chiffres. Nous nous sommes ainsi rendu compte que le coût du siège social avait augmenté en moyenne, de 15 % par an, depuis 2012. » Ou encore : « Nous avions réussi à instaurer un comité de rémunérations et un comité d'audit, mais ils ont été anesthésiés. Les assemblées générales de section ont été totalement verrouillées. Même les discours des présidents de région ont été imposés. »

Quant aux résultats financiers : « Le président du conseil de surveillance se félicite d'une marge nette inférieure à 0,5 %, alors que celle de Sudzucker est 15 fois plus élevée que celle de Tereos, celle de Nordzucker, 10 fois », ajoutent les démissionnaires.

Intervention de la CGB

Soucieuse de voir les tensions s'apaiser, la CGB, confédération générale des producteurs de betteraves, est intervenue. Dans un communiqué, elle appelle Tereos à retrouver des instances de gouvernance qui représentent au mieux les planteurs de toutes les régions betteravières. « La diversité des opinions dans toutes les structures agricoles doit être entendue et respectée », indique-t-elle, tout en prenant soin de préciser qu'elle n'avait pas à s'ingérer dans les affaires internes des entreprises.

Blandine Cailliez

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