Login

Agroalimentaire  Coop de France réclame une refonte des relations commerciales

De gauche à droite, lors du dernier Sia, Pascal Viné, délégué général de Coop de France, Dominique Chargé et Rachel Blumel, président et directrice du pôle agroalimentaire de la fédération. © H. LAURANDEL De gauche à droite, lors du dernier Sia, Pascal Viné, délégué général de Coop de France, Dominique Chargé et Rachel Blumel, président et directrice du pôle agroalimentaire de la fédération. © H. LAURANDEL

Lors de sa conférence annuelle au Sia lundi 27 février, le pôle agroalimentaire de Coop de France dénonce de nouveau les relations commerciales tendues avec les acheteurs et réclame une législation basée sur la création de valeur.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Les pratiques abusives se poursuivent », constatent amèrement Pascal Viné, délégué général de Coop de France, Dominique Chargé et Rachel Blumel, président et directrice du pôle agroalimentaire de la fédération, lors de la seconde conférence annuelle de ce pôle, le 27 février lors du Salon de l'agriculture, Porte de Versailles. Ils souhaitent une remise à plat de la législation régissant notamment les relations commerciales (la fameuse LME : loi de modernisation de l'économie) pour qu'elle soit fondée sur la création de valeur.

Pas moins de sept lois ont été votées en vingt ans, dont trois sur les trois dernières années. Et pour quel résultat ? « Une guerre des prix qui amène à une spirale déflationniste qui tue l'économie des territoires, affirme Dominique Chargé. Le consommateur a perdu tout repère du juste prix, alors qu'il est prêt à payer plus si la rémunération est mieux répartie dans toute la filière. »

Le noeud du problème est dans les box

Aussi, Coop de France souhaite que le dispositif de comparateur des prix prenne fin, que des contrats soient établis sur le long terme avec la distribution et que le savoir-faire agroalimentaire soit valorisé auprès du consommateur. « On répond à une demande de transparence sur les produits de la part du consommateur, par une transparence sur les prix. On ne répond pas aux attentes du consommateur.»

Le noeud du problème se situe dans les box de négociations avec des acheteurs continuant à exiger des baisses de prix, alors que les prix de plusieurs matières agricoles augmentent depuis ces derniers mois, des contraintes logistiques assorties de fortes pénalités en cas de non respect. Et les contreparties des efforts demandés sur les prix sont quasi inexistantes.

Un contexte déflationniste de 2 à 4 %

Quelques exemples. Dans le secteur piscicole, le cours du saumon a augmenté de 60 % en 2016 et les distributeurs ne veulent pas intégrer cette nouvelle donne, tout comme le prix du beurre enregistre une hausse de 55 % en janvier 2017 comparativement à janvier 2016. Idem en charcuterie avec une augmentation de la matière première de 22 %, alors qu'il est demandé une stabilisation des tarifs. De la casse économique est à prévoir. « Nous sommes dans un contexte déflationniste de 2 à 4 % sur l'ensemble des filières, alors qu'il est nécessaire de procéder à une augmentation nette de 5 à 10 % en regard de la hausse des cours », détaille Dominique Chargé.

Pour mieux appréhender la réalité terrain et les tendances qui se dessinent, depuis deux ans, Coop de France procède à une analyse des accords cadres passés avec la grande distribution et mène une enquête auprès de ses adhérents dont 60 % répondent. Seulement 10 % d'entre eux bénéficient d'une prise en compte de la hausse des cours. Pour 95 %, la discussion part tout de suite sur le prix, et tout ce qui relève du domaine de la RSE et de la qualité des produits n'est considéré que dans 5 à 10 % des cas. Et pour 10 % des répondants, l'appartenance à une coopérative suscite un intérêt. « C'est un début, d'où notre présence sur divers salons », commente Rachel Blumel.

Rapprochement avec les grossistes

Toutefois, certains signes amènent du positif dans cette situation, telles les matinées de la distribution faisant rencontrer coopératives et enseignes, ou encore les initiatives de certaines GMS cherchant à travailler plus en partenariat. En région, tout un travail de rapprochement se fait entre les fédérations coopératives régionales et les FCD régionales qui sont en fait représentées par des directeurs de magasin. « Une relation directe se crée ainsi entre les agriculteurs administrateurs et les enseignes. Et c'est très intéressant », ajoute Rachel Blumel.

D'autre part, Coop de France s'est rapprochée des grossistes, via la CGI (Confédération du commerce de gros et international), qui souhaitent mieux connaître le milieu coopératif. Tout comme certains distributeurs reconnaissent ne pas les connaître à l'image de Lidl, qui ne rentre pas dans le système des négociations commerciales.

Des acheteurs hermétiques aux efforts faits

« Nous souhaitons une refonte de fond qui tient compte du contexte actuel, bien différent de celui de 2008, avec une cohérence à mettre en oeuvre avec le code du commerce et le code rural », souligne Rachel Blumel. Mais, avant tout, n'y-a-t'il pas à creuser du côté du mode de rémunération des acheteurs de la grande distribution ? N'y aurait-il pas un lien de cause à effet avec le fait qu'ils restent en très grande majorité hermétiques aux démarches réalisées en amont à l'image de l'accord passé avec la FCD en septembre 2015 et du guide pratique des relations commerciales publié en juillet 2016 ?

Hélène Laurandel

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement