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Réduction des phytos : la FNH met en cause les financements publics

Selon l’étude, 11 % des financements publics ont une intention vis-à-vis de la réduction des pesticides et seulement 1 % a un effet avéré. © J. CHABANNE

Dans un rapport dévoilé le 9 février, la Fondation Nicolas Hulot pointe du doigt le manque d’accompagnement des agriculteurs français pour la réduction de l’usage des pesticides. Seul 1 % des 23,20 Mds€ de financements publics versés chaque année auraient un réel impact.

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Alors que la France s’est fixé pour objectif de réduire l’usage des produits phytosanitaires de 50 % d’ici à 2025, et que les résultats sont loin d’être à la hauteur des attentes, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) s’est penchée sur la question des financements alloués aux acteurs agricoles et, in fine, dédiés à cette nécessaire transition.

Cette étude, menée pendant un avec le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) a montré que 23,2 Mds€ de financements publics sont versés chaque année aux acteurs de l’alimentation, comprenant notamment la Pac mais aussi les dispositifs d’allégement fiscaux dont bénéficient les acteurs économiques. Il s’agit à 40 % de soutiens européens et à 60 % de soutiens nationaux.

« On ne se donne pas les moyens »

11 % des financements publics ont une intention vis-à-vis de la réduction des pesticides et seulement 1 % a un effet avéré sur la réduction des pesticides, selon l’étude, soit environ 220 M€ en 2018. Ecophyto, plan majeur pour la réduction des produits phytos, ne représenterait que 0,3 % de l’ensemble des soutiens publics.

« Au-delà des intentions, on ne se donne pas les moyens et surtout les moyens mis au service de cette cause sont totalement antinomiques avec les effets escomptés, fustige Nicolas Hulot. Des sommes publiques considérables ainsi que celles de la Pac sont allouées aux acteurs du monde agroalimentaire, mais seulement une petite partie a l’intention d’essayer de participer à une politique plus vertueuse sur un plan environnemental et une infime partie est véritablement opérationnelle pour aller dans le sens de la réduction des pesticides. »

Des financements privés exempts de critères de durabilité

« L’échec est trop souvent mis sur les épaules des agriculteurs. La responsabilité est également du côté des pouvoirs publics, depuis 10 ans il y a une quasi-inexistence des politiques publiques d’accompagnement des agriculteurs, appuie Caroline Faraldo, de la FNH. La responsabilité est également du côté de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire qui sont étroitement liés entre eux. »

Les financements privés, principalement sous forme de prêts, sont du même ordre et atteignent 19,5 Mds€ par an. La quasi-absence de critères de durabilités associés est pointée du doigt dans ce rapport. « Avec ces financements, les privés confortent le système en place, ils encouragent le maintien d’un statu quo », déplore Caroline Faraldo.

Une feuille de route sur 10 ans

En conclusion de cette étude, la FNH propose une feuille de route sur 10 ans qui s’articule autour de trois objectifs et de deux outils prioritaires. Ces trois objectifs sont l’accompagnement des agriculteurs vers les changements de systèmes attendus en redirigeant les financements, le renouvellement des générations nécessaire à la transition agroécologique et la responsabilisation de tous les acteurs de la chaîne agricole et alimentaire, tous devant concourir à l’atteinte des objectifs du plan Ecophyto.

Pour atteindre ces objectifs, la fondation met en exergue deux outils prioritaires : la Pac et la fiscalité. « La Pac, c’est 9 Mds€ par an et actuellement uniquement 2 % de ces financements ont un effet sur la réduction de l’usage des pesticides, il faut inverser cette tendance », explique Caroline Faraldo. La mise en place d’une fiscalité bonus-malus basée sur le principe du pollueur-payeur est également préconisée pour responsabiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.

Lucie Petit

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