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Négociations commerciales : « Le naturel revient au galop », déplore LCA

Au lieu de subir des demandes de déflation, une filière comme la volaille aurait besoin d’une hausse de 5 à 6 % des prix, en sus de celle de 2 à 3 % actée début janvier. © JEAN-MICHEL NOSSANT

Les contrôles de la DGCCRF vont être renforcés afin de faire respecter une loi EGalim que certaines enseignes narguent, avec des demandes de déflation dénoncées notamment par le président de La Coopération agricole.

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C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase que les négociations commerciales annuelles en cours jusqu’au 1er mars et qui ont fait l’objet d’une nouvelle mise au point lors d’une réunion du comité de suivi des relations commerciales le 29 janvier.

Dominique Chargé a accordé, depuis le bureau de son exploitation agricole, une interview à notre revue, à la suite du comité de suivi des relations commerciales du 29 janvier auquel il a participé.

Dans un contexte de crise qui dure depuis bientôt un an, et après des élans de solidarité dans toute la chaîne alimentaire, voilà que « le naturel revient au galop », comme le souligne Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, lors d’une interview accordée à notre revue : en effet, la guerre des prix est de retour avec des demandes de forte déflation alors que la distribution alimentaire a bien profité de la crise avec une progression de plus de 6 % de son CA sur 2020.

Double peine pour les filières RHD

Ainsi, 60 % des coopératives interrogées par LCA ont affirmé faire l’objet de demandes d’une baisse de prix sur les produits achetés par certaines enseignes de la grande distribution. « Le beurre en souffre, ainsi que la volaille, la charcuterie salaison et la panification pâtisserie, ajoute Dominique Chargé. Certains distributeurs mettent notamment sous pression les filières touchées par l’arrêt de la RHD et qui sont acculées. Les menaces de déréférencement sont en outre toujours pratiquées. »

Si les enseignes font cependant valoir qu’elles ont passé de nombreux contrats avec des PME et des TPE, un grand nombre d’ETI et de grands groupes ne voient pas leurs volumes sécurisés. « En fait, la majorité des volumes traités ne sont pas sécurisés, notamment en matière de MDD. De plus, un contrat signé ne signifie pas forcément que la loi est respectée. On reste sur une neutralité de prix avec des hausses de matières premières non répercutées. Et on assiste à une recrudescence des demandes de promotion. »

« C’est irresponsable de faire payer les agriculteurs »

Aussi le président de LCA dénonce l’argument de la baisse du pouvoir d’achat brandi par la grande distribution. « Les enseignes se servent de cet argument pour revenir sur les hausses qui avaient été précédemment acquises dans le cadre des EGalim. D’une part, cet argument n’est pas vrai pour tous les consommateurs. D’autre part, c’est irresponsable de faire payer les conséquences de la crise aux agriculteurs. » Et de faire remarquer que « les agriculteurs attendent toujours des déclarations autour des EGalim. Or, rien ne se produit et ils ne comprennent pas. »

Renforcement des contrôles

Afin de contrecarrer cette tendance alarmante, La Coopération agricole demande notamment que les tarifs proposés par les fournisseurs, à l’image des coopératives, soient considérés comme les tarifs de base pour les négociations et soient appliqués comme tel.

De leur côté, les ministres de l’Agriculture et de l’Industrie ont annoncé, lors du dernier comité de suivi, un renforcement des contrôles de la DGCCRF et des moyens de la médiation. « Il en va de notre souveraineté alimentaire », soulignent-ils dans un communiqué. Outre les nombreux contrôles auprès des fournisseurs, la DGCCRF examine de près la mise en œuvre des pénalités logistiques, ainsi que le respect des règles de formation des conventions annuelles.

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D’autre part, il vient d’être mis en place une adresse internet de signalement (signalement@agriculture.gouv.fr) de prix constatés en magasin qui paraissent trop bas par rapport aux coûts de production ainsi que des problèmes d’étiquetage. Ces nouvelles mesures seront-elles suffisamment efficaces dans un contexte où les entreprises ont notamment des besoins financiers afin de pouvoir saisir les opportunités du plan de relance qui font appel à leur cofinancement ?

Hélène Laurandel

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