Réseau Dephy : l’accompagnement collectif primordial pour changer les pratiques

Aujourd’hui, le réseau Dephy accompagne quelque 3 000 agriculteurs et agricultrices dans la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Regroupés en 250 groupes répartis dans la France entière, ils sont accompagnés au quotidien par des conseillers et animateurs. À l’occasion de son colloque national « Accompagner la réduction d’usage des phytos : tout un métier ! », qui s’est tenu en ligne jeudi 3 juin, les équipes du réseau Dephy se sont penchées sur la question de l’accompagnement dans le changement.

Une phase de maturation nécessaire

« Le changement nécessite une phase de maturation, d’incubation, explique Mathilde Lefèvre, ingénieure territoriale Dephy au Civam Adage. Il résulte bien souvent d’un processus de résolutions des systèmes. »

« L’approche collective aide dans la globalité à lever les freins avoués ou inavoués auxquels sont confrontés les agriculteurs », ajoute Christelle Johannel, ingénieure réseau Dephy de la chambre d’agriculture de l’Allier. Ces freins au changement sont notamment économiques et psychologiques. « Dans tous les cas, il y a la partie économique qui est un frein à lever, mais je pense qu’en tant que conseiller on n’a pas toujours les clés pour le faire », confie Christelle Johannel.

Des déclics propices au changement

Des leviers favorisent cependant le changement et l’engagement des agriculteurs. « Les aléas climatiques sont bien souvent un déclic qui permet de prendre du recul, notamment par rapport à une année où tout va bien. Quand tout va bien, l’agriculteur ne se pose pas de questions », analyse Christelle Johannel. La quête d’autonomie, la recherche de marge économique, la volonté de clarifier ses motivations ou encore les aspects santé, celle de l’agriculteur ou celle de ses proches, sont également des facteurs propices au changement, selon Mathilde Lefèvre.

Catalyser les échanges

Pour accompagner les agriculteurs dans ces changements de pratiques, le rôle des groupes Dephy est primordial. « Les échanges entre pairs sont très importants, on apprend des autres », témoigne Vincent Couvert, polyculteur-éleveur membre du réseau Dephy en Ille-et-Villaine. Ce que confirme Alexandre Poucet, polyculteur dans l’Allier : « On peut avancer seul, mais on avance moins vite, et on enrichit le groupe par notre expérience. »

Les conseillers et animateurs du réseau Dephy ont pour mission d’organiser et favoriser les échanges entre agriculteurs. « Notre rôle est de catalyser les échanges et, pour cela, on doit passer d’une posture d’expert à une posture d’animateur », souligne Guillaume Gastaldi, ingénieur territorial Dephy de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Ils doivent également accompagner individuellement chaque exploitation. « L’accompagnement individuel est nécessaire pour connaître et comprendre chaque exploitation, et cela permet par la suite de favoriser les échanges au sein du groupe », affirme Karine Barriere, ingénieure réseau Dephy de la chambre d’agriculture de Corrèze.