Chaîne alimentaire : le ministre « compte sur les coopératives »

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, présent à la table ronde organisée par le Space à Rennes, mercredi 16 septembre, a rassuré les acteurs de l’agriculture et l’agroalimentaire. Il veut que les Français qui ont redécouverts les produits frais français à l’occasion du confinement, les consomment massivement, pour leur santé, celle des territoires et pour leur porte-monnaie. « Vous trouverez les coopératives à vos côtés », annonce Arnaud Degoulet, président d’Agrial. « Et je compte justement sur les coopératives », répond le ministre.

Tout l’agroalimentaire a tenu

Le constat est partagé dans tout l’agroalimentaire : les salariés agricoles, les éleveurs et tous les métiers connexes jusqu’aux ramasseurs de volailles ont tenu durant la crise sanitaire, comme les maillons aval, transport, transformation… L’importation a même baissé car les chauffeurs en provenance d’Ukraine, de Pologne et de Roumanie ont refusé de rouler par peur d’être confinés chez eux au retour.

« Mais nous n’avons pas été capables de fournir toute la demande, notamment en œufs coquilles. Et l’importation a repris de plus belle en poulet de chair », constate Gilles Huttepain, DG de LDC. L’exemple des œufs est frappant. Serge Le Bartz, président d’Eureden, explique qu’avec la fermeture de la restauration, scolaire et commerciale, des poules ont dû être abattues. Elles produisaient des œufs blancs dédiés à la production d’ovoproduits mais que les Français n’apprécient pas en coquille.

La crise, un accélérateur de mutations

Chez Agrial, même si l’essentiel des activités a fonctionné, l’usine spécialisée dans les légumes vers la RH a quasiment fermé, explique Arnaud Degoulet. Il en profite pour mentionner le cidre, la coopérative étant leader sur ce secteur ; les fermetures des lieux de consommation et l’abandon des festivités ont généré d’importants stocks. « Le dossier est encore en discussion pour une destruction vers la méthanisation », indique le président qui attend le retour du ministre sur ce point.

Pour lui, « la crise a été un accélérateur de mutations, mais nous avons trois grandes interrogations : à quelle hauteur la RHF va se réinstaller. C’est aussi une question à l’international. Nos exportations de mozzarelle destinée à la restauration ne sont pas encore reparties par exemple. Et puis, quel sera le nouvel équilibre entre les marques et les MDD ? »

Il note que durant le confinement, c’est la grosse cavalerie qui a fonctionné, au détriment de la segmentation. Idem chez Eureden. « La RHF n’est encore revenue qu’à 70 % d’activité à peine. Nos éleveurs ont peur, en pondeuses mais aussi en poulet de chair », souligne Serge Le Bartz.

De l’optimisme avec les annonces du plan de relance

Tous se montrent toutefois plutôt optimistes avec les annonces du plan de relance et ses 1,2 milliard d’euros pour l’agriculture et l’agroalimentaire que Julien Denormandie a de nouveau détaillées. « Le plan de relance nous donne un formidable outil pour répondre aux défis car une injonction (comme celle de plus d’agroécologie) sans possibilité d’action, ça ne donne rien. »

Le ministre de l’Agriculture est venu parler souveraineté alimentaire mais aussi bien-être animal. « Je crains la séparation entre l’urbain et le rural. Il faut expliquer aux Français la réalité de la nature. » Il a aussi parlé exportation : « Une agriculture puissante est une agriculture qui exporte. Elle doit donc accepter aussi d’importer. » Mais il insiste sur le besoin que les conditions imposées en France soient les mêmes pour les produits importés. Et pointe du doigt le soja brésilien : « Dans les accords internationaux, l’environnement doit être fondamentalement pris en compte. »