Philippe Chalmin : « Des perspectives particulièrement négatives en maïs »
À l’occasion de la publication du 34e rapport Cyclope, le 9 juin, Philippe Chalmin, coordinateur de l’ouvrage annuel, est revenu sur la crise économique actuelle et ses conséquences sur les marchés des grains.
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Après l’analyse du « grand désordre du monde » qui avait marqué 2019, Cyclope se présente comme la première publication à proposer une analyse « à chaud » de cette crise sanitaire du Covid-19 devenue la crise économique la plus forte depuis la Seconde Guerre mondiale. « Cette crise de 2020 est à mon sens le premier virage majeur de l’histoire économique du XXIe siècle », commente Philippe Chalmin, coordinateur de l’ouvrage.
« Une mutation profonde de nos modèles économiques »
« Mon hypothèse, c’est que cette crise peut avoir le même impact que les deux grandes crises du XXe siècle », brandit le professeur d’économie à l’université Paris Dauphine : celle de 1929, qui avait mis un terme aux années folles et au libéralisme « pour une moitié de siècle », et celle de 1974 qui interrompt les 30 glorieuses et signe l’avènement du néolibéralisme.
« Je ne me fais pas d’illusion sur le monde d’après, mais nous arrivons au bout d’une période de la mondialisation heureuse, dont on avait déjà perçu des grincements. Nous avons devant nous une mutation assez profonde de nos modèles économiques. »
Philippe Chalmin a mis en exergue « le contre-choc énergétique majeur » dont les racines ne sont pas uniquement liées à la crise sanitaire d’ailleurs. Symbolisé par la chute du baril de pétrole de 65 à 16 $ en quelques mois pour revenir à 38 $ le 8 juin, il a eu un fort impact sur le marché de l’éthanol, et par ricochet sur ceux du maïs et du sucre.
« Une campagne 2020-2021 tout à fait exceptionnelle »
L’économiste pointe en revanche l’absence de crise alimentaire. « Il y a certes eu quelques tensions sur les marchés du blé et du riz, mais nous restons dans des situations largement excédentaires. Faute d’accident climatique, nous nous préparons à une campagne agricole 2020-2021 qui devrait être tout à fait exceptionnelle, et donc à des perspectives plutôt baissières sur les marchés des grains. »
Le cas le plus emblématique est sûrement celui du maïs, puisque la crise survient alors que les emblavements aux États-Unis sont considérables. « Avec une climatologie normale, on peut s’attendre à une récolte proche de 400 Mt dans ce pays, ce qui laisse entrevoir des perspectives particulièrement négatives sur le marché du maïs. » Au détail près que les élections présidentielles approchant, « Donald Trump va faire tout ce qu’il peut pour activer le robinet à subventions et inclure un maximum d’éthanol dans les carburants ».
Renaud FourreauxPour accéder à l'ensembles nos offres :