NÉGOCE Du pain bénit pour Soufflet
Le premier collecteur français procède au rachat de Neuhauser, spécialiste de la BVP et rassemblant 3 000 salariés. Presque autant que lui.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Il y a trente ans, quand j'allais vendre mes farines aux industriels de la panification, raconte Jean-Michel Soufflet, président du directoire du groupe, les gros appels d'offres qu'il ne fallait pas rater portaient sur 5 000 ou 7 000 t/an. Maintenant, c'est plutôt 200 000 t/an. Pour rester un acteur de référence, nous devons suivre ce mouvement, en continuant à grandir. » Le moment semblait donc le bon pour Soufflet de franchir un nouveau cap et de s'intéresser au rachat de Neuhauser, pour lequel la multinationale auboise a obtenu le feu vert de l'Autorité de la concurrence européenne le 27 mai, et dont l'opération devrait se concrétiser courant juillet.
Pérenniser les débouchés des farines
Issu il y a plus de cent ans d'une boulangerie à Folschviller (Moselle), le groupe familial privé s'est hissé dans les premiers rangs européens du secteur de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie et réalise plus de la moitié de son CA à l'international. Un développement spectaculaire qui a des similitudes avec celui de son nouvel actionnaire largement majoritaire. « C'est une belle entreprise, un nom qui compte dans le monde de l'industrie de la panification », commente Jean-Michel Soufflet. Elle compte plus de 3 000 salariés, dix-sept usines en France et une au Portugal, une implantation commerciale en Espagne, un réseau de 250 magasins (sous l'enseigne Pomme de Pain en France) et vend plus de 600 millions de baguettes et 1,5 milliard de viennoiseries chaque année. Ce groupe, dont Soufflet était jusque-là actionnaire à 15 % depuis 2011, consomme près de 200 000 t de farine. Une aubaine alors que « le marché de l'export va encore probablement baisser dans les deux à trois ans qui viennent, puisque le premier importateur mondial de farine, l'Angola, envisage de construire des moulins ». Cette reprise a donc pour but de pérenniser les débouchés des farines produites dans les moulins Soufflet, tant à l'ouest avec les usines Neuhauser implantées en Bretagne et en Vendée, qu'à l'est, notamment avec le moulin de Dienville (Aube). Cet outil vient d'ailleurs d'être refait à neuf. Sa capacité d'écrasement a été portée de 520 t à 650 t de blé/jour.
Un tournant comme il y a vingt ans
Ce virage opéré par le propriétaire de la marque Baguépi ressemble à celui pris, il y a vingt ans, lors de la reprise du groupe Pantin, « qui était plus gros que nous en meunerie et en malterie », avec les Grands moulins de Pantin et de Corbeil et les Malteries franco-belges. « Si nous ne l'avions pas repris à l'époque, s'interroge Jean-Michel Soufflet, aujourd'hui à la tête de 4 040 salariés, que serions-nous devenus ? Un petit meunier régional, et peut-être même que nous aurions dû sortir de ce métier. Un acteur marginal en malterie, questionné uniquement pour boucher les trous. » Aujourd'hui, il se dispute le leadership mondial avec Malteurop.
Renaud Fourreaux
Pour accéder à l'ensembles nos offres :