Auvergne Limagrain craint un détricotage du modèle coopératif
Le 31 janvier à Paris, le nouveau président de Limagrain, Pascal Viguier, s'est présenté à la presse, accompagné de Damien Bourgarel, pour dévoiler les stratégies du groupe, mais également discuter de sujets typiquement franco-français concernant la coopération.
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Pour sa première conférence de presse annuelle, Pascal Viguier, le nouveau président de Limagrain, a brièvement présenté les résultats du groupe : un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros en 2017-2018 contre 2,6 Mds€ en 2016-2017 et un résultat net en baisse, « surtout à cause de la baisse de résultat de Vilmorin ».
Damien Bourgarel, directeur général, a ensuite enchaîné sur les stratégies du quatrième semencier mondial, avec notamment l'internationalisation des activités de semences de grandes cultures, principalement en maïs, « notre axe de force ». « Nous sommes très forts en Europe en maïs et blé, mais depuis 2010 nous avons une stratégie de mondialisation de notre activité en grandes cultures », ajoute-t-il.
En décembre 2018, le groupe a acquis deux sociétés sud-américaines de semences spécialisées en maïs, soja et blé, et tournesol : Sursem en Argentine et Geneze au Brésil. « Cela nous a apporté des compétences humaines, des capacités de production, mais également des ressources génétiques, assure Damien Bourgarel, c'est un chiffre d'affaire de 40 M$ qui rentre dans Limagrain Amérique du Sud. » L'objectif pour Limagrain est de dépasser les 7 % de parts de marchés en maïs dans ces deux zones.
« La coopérative est une société de personnes »
Les sujets franco-français liés aux EGalim ont ensuite ponctué le discours. S'il y a un an, Damien Bourgarel déclarait que les EGalim allaient « contribuer à redéfinir notre modèle agricole et agroalimentaire français », l'écho est bien différent aujourd'hui, surtout en ce qui concerne la question du statut coopératif, « bien que celle-ci ait été ajoutée à la fin des EGA », signale-t-il.
Pascal Viguier a tenu à afficher son soutien à Coop de France : « Limagrain soutient la démarche de Coop de France, le projet d'ordonnance ne tient pas compte des spécificités de la coopération agricole, on ne peut pas réduire le lien coopérative-adhérent à une stricte relation commerciale (...) C'est la porte ouverte au démantèlement des spécificités de la coopération. L'outil coopératif est un outil au service des agriculteurs, les exploitations agricoles sont des micro-entreprises, leur seule façon d'exister est de se regrouper, la coopérative est avant tout une société de personnes. »
Pour lui, cela soulèverait à moyen terme d'autres sujets latents comme l'engagement des agriculteurs dans la coopérative.Damien Bourgarel déplore « un manque d'écoute ou de compréhension de la coopération agricole par le gouvernement ».
« On choisira le conseil aux agriculteurs »
Autre sujet d'actualité, la séparation du conseil et de la vente pour les produits phytosanitaires dont la V4 de l'ordonnance est tombée ce mardi 29 janvier. Si pour le président, cette question est marginale à l'échelle du groupe Limagrain, elle ne l'est pas pour la coopérative. « On attend de voir le texte définitif, mais si on doit faire un choix on partira sur le conseil aux agriculteurs, assure-t-il. Notre stratégie c'est bien d'amener aux agriculteurs des productions qui leur apportent de la valeur. »
Lucie Petit
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