Export Sénalia a-t-elle retrouvé le sourire ? « Oui... et non »
Lors de sa réunion d'information le 12 janvier à Paris, l'union de coopératives Sénalia est revenue sur la « rétention » de la première moitié de campagne qui entache la reprise d'activité de 2017-2018.
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En tant qu'exploitant de terminaux portuaires céréaliers et agro-industriels dans le port de Rouen, Sénalia a souffert de la récolte 2016 qui a engendré une baisse d'activité céréalière de 65 % (1,8 million de tonnes mises à bord des navires en 2016-2017, contre 5,2 millions de tonnes la campagne précédente). Son chiffre d'affaires en a également pâti (- 35 %, à 25,7 millions d'euros) ainsi que son résultat net, négatif (- 1,6 million d'euros contre + 2,7 millions d'euros la campagne passée).
L'activité céréalière n'ayant représenté que 38 % de l'activité de Sénalia (contre 61 % l'an passé), c'est l'agro-industrie, quasiment stable, qui a permis d'amortir le choc. L'impact sur les salaires dû aux heures chômées a été limité à une baisse de 2,35 % en moyenne.
Sénalia se lance dans l'importation
Malgré tout, « Sénalia présente le même ratio EBE/CA qu'en 2011-2012 alors que l'activité céréalière a été plus que divisée par deux », se félicite le directeur général Gilles Kindelberger, soulignant la maîtrise des charges. En outre, les investissements ont été maintenus, en particulier celui de 11,5 millions d'euros dans le projet de faire dès 2019 du site de Grand-Couronne le seul silo céréalier rouennais capable d'accueillir les navires types Panamax lorsque les travaux d'approfondissement du port seront terminés.
En contrepartie, Sénalia a importé 62 000 tonnes grâce à des demandes d'importation de meuniers et semouliers parisiens. « C'est un marché de niche mais j'espère qu'on arrivera à faire 100 000 tonnes cette campagne », escompte-t-il. En plus, cela permet aux péniches provenant de région parisienne de repartir à plein. « Nous essayons d'ouvrir un PEC (Point d'entrée communautaire) pour que les blés nord-américains soient déchargés à Rouen », alors qu'actuellement, ils le sont dans les ports belges et hollandais.
« La filière n'a pas toujours su répondre présente »
Pour la campagne en cours, Sénalia repart avec une récolte tout à fait satisfaisante, et une activité en hausse de 60 % sur les six premiers mois de la campagne. A la question de savoir si le groupe a retrouvé le sourire, Gilles Kindelberger répond « Oui... et non : on a pris du retard dans les expéditions, on n'a pas été capable de servir les marchés. Les acteurs de la filière n'ont pas toujours su répondre présents », ajoute-t-il jugeant qu'il y a encore beaucoup de rétention.
« Je crains que nous soyons débordés entre février et juin », déplore-t-il, même s'il ne voit pas comment débloquer ce sujet récurrent. Comme l'a signalé le président de Sénalia, Thierry Dupont : « On reproche la rétention aux agriculteurs, comment leur en vouloir de ne pas vendre dès le début de campagne alors que les prix sont en dessous des coûts de production. »
Un développement possible à l'étranger
Sénalia a terminé sa matinée d'information post-assemblées générales par une table ronde pour comparer différents modèles de logistique portuaire dans le monde, entre outils mutualistes (type Sénalia) et propriétaires (type ABCCD : ADM, Bunge, Cargill, Cofco, Dreyfus). « Nous avons déjà des demandes de pays étrangers pour nous installer en notre qualité de Sénalia en dehors de l'Europe. Cela peut se faire dans les deux ans qui viennent. »
Renaud Fourreaux
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