Collecte de grains  Creully met les pieds dans le bio

Nous vous l'avions annoncé en avant-première dans nos colonnes début octobre (AD n° 286 octobre 2017, p. 18). Depuis mardi 14 novembre, le projet de création d'une collecte de grains bio par la coopérative de Creully est officiellement lancé, avec la mise en service de 3 000 tonnes de capacité de stockage dès la campagne prochaine sur le site historique de l'organisme stockeur.Des cellules de 180 à 200 tonnes et une chaîne complète de préprocess des grains sera installée à partir de décembre prochain pour pouvoir s'adapter aux contraintes liées aux collectes bio. Par ailleurs une extension est déjà prévue pour atteindre 7 500 tonnes d'ici 2021-2022. Ce plan à cinq ans mise sur une croissance de la collecte bio de 15 % par an et nécessite environ 1,56 million d'euros d'investissement.Pionnière sur l'ex-Basse-NormandieCinquante-sept producteurs ont déjà été identifiés pour livrer la coopérative en 2018, avec un potentiel de collecte de 2 000 à 2 500 tonnes. Le territoire de collec­te visé est celui de l'ex-Basse Normandie, jusqu'ici orphelin en outils spécia­li­sés de collecte et de stockage. L'entreprise de 1 200 adhérents est pionnière sur la zone. Tous les producteurs y compris ceux qui ne sont pas adhérents pourront livrer l'outil. Le but étant d'écraser rapidement les frais fixes sur un volume important.Creully anticipe déjà que le maïs grain représentera environ 30 % de la collecte et les méteils 20 %. « Nous savons que nous serons attendus également sur le marché des blés meuniers notamment avec de très bonnes terres à blé dans notre secteur. Par ailleurs, il existe des demandes fortes en avoine ou en orge brassicole par exemple », souligne le président de la coopérative, Pascal Desvages.Un partenaire local reconnu en bio« Trop tôt c'est trop tôt, trop tard c'est trop tard ! Aujourd'hui, c'est exactement le bon moment pour notre coopérative de s'engager dans une filière bio. La deman­de du marché est bien présente et durable et de plus en plus d'adhérents souhaitent s'engager dans ces filières », complète Stéphane Carel, le directeur. Pour mener à bien son projet, la coopérative s'est trouvé un partenaire au travers de la société Agronat spécialisée en agrofourniture bio depuis trente ans. Cette entreprise de huit salariés est basée près de Vire (Calvados), sur le même territoire que la coop. Elle assurera une partie de l'encadrement technique et, dès la première année, environ 1 000 tonnes de débouchés pour des grains destinés à produire des aliments ruminants sur une usine locale.Deux administrateurs issus de la filière biologique rejoindront le conseil d'administration de Creully. La filière bio fera en revanche l'objet d'une comptabilité analytique bien séparée des filières conventionnelles, de la même manière que la coopérative a su compartimenter sa filière pomme de terre dans les comptes d'exploi­ta­tion.

Alexis Dufumier