Séparation conseil et vente Pour FNE, « les coopératives et négoces, futurs pharmaciens »
A l'heure où les discussions sont vives autour des modalités de la séparation du conseil et de la vente des phytos, quelle est la position des ONG ? Entretien avec Claudine Joly, membre du directoire du réseau Agriculture de France nature environnement, vétérinaire de formation et aujourd'hui agricultrice.
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Si les arbitrages précis ne sont pas encore connus concernant la séparation du conseil et de la vente, la mission parlementaire d'information commune sur l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, lancée le 15 novembre, poursuit ses auditions de son côté. Et ce sujet est à l'ordre du jour.
Le 23 janvier, elle a reçu Coop de France. Le 1er février, c'était au tour de France nature environnement (FNE), Générations futures et Marie-Monique Robin, journaliste, auteure du livre « Le Roundup face à ses juges ». Chez FNE, Claudine Joly a été auditionnée. Elle a résumé pour Agrodistribution ses positions, présentées devant les parlementaires.
Comment voyez-vous le rôle des coopératives et négoces dans le futur ?
Claudine Joly : « Comme des pharmaciens. Et en parallèle, il faut créer une nouvelle profession de conseiller, avec une formation environnementaliste, en agroécologie. Aujourd'hui, le conseil est fait à la parcelle, il faut aller vers une vision globale de l'exploitation, ce qui est complètement différent. Comme un médecin de famille, en quelque sorte. Avec un bilan, un plan de prophylaxie, etc. Ce qui n'empêche pas qu'il faut un conseil sur l'utilisation du produit au moment de la vente. »
En quoi ces nouveaux conseillers permettraient une réduction de l'utilisation des produits phytos ?
C. J. : « Derrière, ces conseillers délivreraient des prescriptions, comme des ordonnances, pour aller acheter les produits. Et ces prescriptions devraient être encadrées, par exemple, avec un suivi du nombre de doses prescrites. C'est compliqué, mais c'est possible. Un médecin ne délivre pas n'importe quoi. Sinon, rien ne changera. Ce conseil pourrait être financé par des fonds publics, c'est à réfléchir. »
Ces conseillers peuvent-ils être dans les coopératives et négoces ?
C. J. : « Il faut une formation avec une dimension environnementaliste, ce qui n'est pas du tout le cas du Certiphyto conseil actuel. Je suis agricultrice depuis trois ans, j'ai repris l'exploitation en grandes cultures au décès de mon mari. Je travaille avec un conseiller de chambre d'agriculture, Bertrand Omon, et nous avons réduit les IFT (indices de fréquence de traitement). C'est impressionnant d'avoir ces responsabilités, et c'est indispensable d'avoir un conseiller compétent à ses côtés. Si les prescriptions étaient plus modérées, on pourrait conserver certains outils : le retrait du glyphosate est dû à une utilisation massive. »
Marion Coisne
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