Ouest  Les négoces doivent croire en l'élevage laitier

« L'ouest de la France est certainement la région qui compte à long terme le plus d'avantages comparatifs par rapport aux autres régions du monde, pour développer la production laitière. Et pourtant, aujourd'hui, nous nous prenons à croire que nous avons moins d'atouts que les autres », décryptait Vincent Chatellier, ingénieur de recherche spécialisé économie production laitière à l'Inra, le 19 mai, au mémorial de Caen, devant 280 personnes venues assister au 23e congrès de Négoce­ Ouest.Selon lui, l'accessibilité à l'eau, le faible coût du fermage, les capacités de production fourragère et la présence de savoir-faire sont autant de facteurs clés que les autres régions du monde ne possèdent pas ou du moins pas en si grand nombre.Une situation paradoxaleLa situation est paradoxale. « La demande mondiale est là. Il y a des débouchés. Alors que se passe-t-il ? Pourquoi la crise ? », s'est interrogé Alain Datin du négoce normand D2N et vice-président de Négoce Ouest. Pour Vincent Chatellier, « nous ne vivons pas une crise de marché du lait. Nous vivons des ajustements dans les stratégies d'exploitation pour vivre dans un environnement où les prix sont de plus en plus volatils ».L'économiste estime d'ailleurs que la restructuration des exploitations reste sur un rythme normal et que celle-ci va continuer pour aboutir à 40 000 exploitations laitières dans dix ans contre 58 000, aujourd'hui.Les réussites seront collectives« Dans ce contexte, tout le monde ne réussira pas avec la même efficacité, a-t-il martelé en s'adressant aux représentants des négoces. Ceux qui s'en sortiront le mieux seront ceux qui sauront gérer le facteur humain auprès des clients en difficulté, mais qui sauront aussi continuer d'investir sur les clients qui n'ont pas de difficulté et qui seront les partenaires de demain. Je veux dire attention à ne pas dépenser trop d'énergie à regarder derrière vous, et en tout cas, n'oubliez pas de regarder devant vous. »Et l'économiste de prévenir : « Posez-vous la question de savoir comment vous pourrez fidéliser les agriculteurs de demain et notamment les jeunes qui parfois peuvent avoir tendance à se déplacer facilement d'un partenaire à l'autre. Les jeunes ont besoin d'être rassurés, notamment par une visibilité à moyen terme et des contrats pluriannuels. Ceux qui réussiront demain seront aussi ceux qui sauront fédérer les différents maillons de la filière. Les réussites seront collectives. Si les différents acteurs qui vont dans les exploitations agricoles ne sont pas capables de dialoguer et de trouver des consensus entre eux, alors il y aura des morts. »Intensifier les échanges au sein de la FC2A« Nous sommes nous-mêmes en pleine restructuration dans nos entreprises, alors que nous venons de vivre une année exceptionnellement mauvaise avec toutes les filières agricoles touchées en même temps, lait, viande et céréales », complète Denis Pelé, le président de Négoce Ouest qui entame également un rapprochement avec les autres secteurs régionaux de la FC2A (fédération du commerce agricole et agroalimentaire).Négoce Ouest s'est en effet donné comme feuille de route d'accélérer les échanges en région avec les membres de la FC2A présents sur son territoire pour les trois prochaines années. Le prochain congrès en 2018 dans les Pays de la Loire sera peut-être d'ailleurs organisé sous la bannière FC2A Ouest.

Alexis Dufumier