Normandie Audacieux plan d'investissement pour Isigny

Beurre-crème-fromage et poudre de lait infantile. « Aujourd'hui, tous les ateliers tournent à plein régime. En 2017, nous voulons augmenter d'au moins 30 % la production de poudre de lait infantile pour dépasser les 40 000 tonnes », s'est félicité Daniel Delahaye, le directeur général lors de l'assemblée générale de la coopérative Isigny-Sainte-Mère le 7 avril dernier. Isigny se prépare ainsi à une belle année 2017 sur le plan industriel.

Consolidation financière

L'entreprise annonçait lors de son assemblée générale, un chiffre d'affaires de 288 millions d'euros en hausse de 6 % en 2016, par rapport à 2015, malgré une baisse de la transformation de lait de 5 % en volume. Cet écart s'explique par la recherche d'un mix-produit à plus forte valeur ajoutée en privilégiant les débouchés rémunérateurs et la collecte des adhérents (+1,7 % en volume) au détriment des poudres de lait standard et des laits extérieurs transformés qui ont chuté de 35 % en volume. Le résultat net de 8,5 M€ a laissé un excédent répartissable de 6,3 M€. La coopérative a choisi d'en affecter 4,5 M€ pour améliorer sa structure financière.

Record de collecte

En 2016, Isigny a une nouvelle fois pulvérisé son record de collecte à 215,3 millions de litres (dont 4,8 Ml de lait bio) auprès de ses 643 adhérents coopérateurs. La tendance se confirme cette année avec un engagement de +5 % de collecte auprès des adhérents pour viser les 126 % de la référence de FranceAgriMer de 2014-2015. Il est prévu de doubler la collecte de lait bio en 2018.L'activité de la coopérative fait la part belle à l'exportation (52 % du CA du groupe en 2016). Elle vise 62 % de CA à l'export pour l'année 2017, compte tenu de l'excellent démarrage de l'entreprise d'Isigny à l'international depuis janvier.

Un plan en vue pour 2018-2020

Après un investissement de grande envergure de 65 M€ dans les tours de séchage inaugurées en 2015 pour produire de la poudre de lait infantile, Isigny freine sur ses investissements en 2017 avec « seulement » 5 M€ de programmés, qui permettront notamment d'augmenter de 10 % les capacités de production de mimolette. « Ce niveau d'investissement est trop faible, souligne Daniel Delahaye. Nous réfléchissons déjà à rouvrir un plan d'investissement audacieux pour la période 2018-2020. [...] Si Isigny reste fidèle à ses valeurs et à son attachement sans faille à la qualité et à la différentiation de ses produits, alors Isigny a un boulevard devant elle pour se développer sur ses marchés ».

Reconnaissance en tant qu'OP

L'assemblée générale a voté un changement des statuts de la coopérative en vue de permettre sa reconnaissance en tant qu'organisation de producteurs (OP). « Cette disposition ne va pas changer le fonctionnement de la coopérative. Nous voulons anticiper les évolutions notamment dans l'attribution de soutiens publics qui, à l'avenir, pourront être conditionnés à la reconnaissance de la coopérative en tant qu'OP ou des producteurs eux-mêmes en tant qu'adhérents d'une OP, souligne l'avocat de la coopérative. Nous voulons prendre de l'avance sur ce sujet-là sachant que l'enregistrement d'une coopérative en tant qu'OP est un processus qui peut prendre entre 8 et 10 mois. Le support juridique reste la coopérative ». Il existerait déjà en France deux coopératives laitières reconnues en tant qu'OP, l'une en Mayenne et l'autre dans les Vosges.

Alexis Dufumier