Bourgogne Dijon céréales s'inquiète d'un manque de compétitivité des céréales françaises
Le 5 novembre à Dijon (Côte-d'Or), lors de leur traditionnel colloque sur le marché des céréales, les responsables de Dijon céréales et de Cérévia ont noté les écarts grandissants entre les marchés à terme et les marchés réels et ont appelé les agriculteurs à déstocker.
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Les coopératives céréalières bourguignonnes doivent faire face à nouveau à une campagne 2015 délicate et atypique. « Nous avons eu une belle moisson en blé et en orge brassicole mais les cours sont moroses et la récolte française rencontre des difficultés d'exécution, constate Pascal Demay, le directeur terrain et céréales. Sur les marchés, les trois derniers mois ont été difficiles. Il y a eu peu d'avancement et peu de couvertures sur les ventes. Les quelques pics enregistrés début juillet n'ont pas pu être captés alors que nous étions en pleine canicule. »Concurrence en hausse des pays de la mer Noire« Sur un marché international pléthorique et très concurrentiel, les Français ne sont pas compétitifs, déplore Laurent Vittoz, le directeur général de Cérévia (1), l'union de commercialisation de céréales dont Dijon céréales est membre fondateur (3,5 millions de tonnes de céréales dont 40 % vendues à l'export). Nous nous faisons tailler des croupières par les pays de la mer Noire (Roumanie, Ukraine, Russie) qui ont engrangé leur troisième bonne récolte consécutive. Les sorties de marchandises accusent du retard (de l'ordre de 100 000 tonnes au 1er novembre). Les silos sont pleins. Pour compenser, on sature au maximum les marchés français plus lucratifs. »La situation est aussi complexe en logistique : 90 % des ports du Rhin et de la Moselle sont actuellement en basses eaux ce qui rend difficile la sortie des céréales sur les marchés d'Europe du Nord.Des primes de marché négatives de plus en plus élevéesDe ses tensions, il en résulte une déconnexion entre les cours Matif et les cours physiques. « L'indicateur du Chicago Board of Trade ne reflète pas les conditions de marché réelles, explique Laurent Vittoz. Pour coller à la demande des exportateurs au niveau des prix et vendre notre marchandise, on doit accepter des primes de marché négatives de plus en plus élevées. C'est intenable à terme. Les conditions sèches qui règnent actuellement sur plusieurs continents constituent des raisons d'espérer une hausse des cours. Par contre, si ces dégâts potentiels ne se concrétisaient pas, et si on devait assister à une quatrième bonne récolte en mer Noire, alors il y a du souci à se faire pour la prochaine moisson. »Dans ce contexte, un appel a été lancé aux producteurs adhérents du club marché pour qu'ils livrent leur marchandise avant fin mars 2016. « Il faut s'organiser pour déstocker ensemble nos céréales et n'avoir dans nos silos que 90 000 tonnes maximum au 30 juin prochain, souligne Pascal Demay. Il reste 850 000 tonnes à exécuter, ce qui va nous obliger à sortir près de 100 000 tonnes par mois pendant huit mois. » Un vrai challenge !Deux nouvelles offres commercialesDans le contexte de déconnexion des marchés à terme et physiques, Loïc Arnould et Romain Gueritaine, responsables des Clubs marchés à Dijon céréales, ont souligné la nécessité de raisonner en « investissement ». La gestion de la commercialisation commence avec la connaissance de son seuil de rentabilité et des outils nécessaires pour optimiser cette gestion (alerte SMS, outil de simulation Céréperf, tableaux de bords...).Pour maîtriser les risques le mieux possible en attendant la hausse des cours que tout le monde espère, la coopérative propose à ses « producteurs investisseurs » deux nouvelles offres commerciales : « prix mini journalier » (se définir un prix minimum avec un intéressement à la hausse et une échéance en mai prochain), et « Primax » (aller chercher le plus haut du marché sur 50 % du volume).(1) Dijon céréales, Seine Yonne, Bourgogne du Sud, Terres d'Alliance, Groupe La Dauphinoise, Cerepy, Terre Comtoise.
Anne Bréhier
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