Lait  Sodiaal réduit la voilure face à l'incertitude des marchés

41 millions d'euros d'économie en 2016 : voici ce qu'annonce la coopérative Sodiaal pour s'adapter à la crise laitière. La première coopérative laitière française, qui assure la collecte de 5 milliards de litres de 13 200 producteurs, compte ainsi courber le dos face à la crise laitière après avoir, lors de sa dernière assemblée générale de juin 2015, présenté un plan ambitieux de conquête à l'international et d'investissements pour la période 2015 à 2020.Optimiser les dépenses de fonctionnement et les achatsFrédéric Rostand, le DG de Sodiaal explique que « dans cette période très difficile pour la filière laitière, il est impératif de poursuivre une gestion responsable du groupe Sodiaal. Sa situation financière est saine, mais la visibilité sur les six prochains mois est très réduite. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre en place un plan préventif d'économies à effet immédiat, qui mobilise les efforts de tous, en veillant à ne pas pénaliser l'avenir de la coopérative sur le long terme ».Il ne s'agit notamment pas d'annuler l'ensemble des investissements (118 millions d'euros prévus pour 2016), mais d'en reporter les moins prioritaires pour les années suivantes. Pour atteindre l'objectif de 41 millions d'euros, la holding va également travailler sur les dépenses de fonctionnement et l'optimisation des achats, à hauteur de 23 millions d'euros. Si quelques départs en retraite ne seront pas remplacés, l'effort portera principalement sur les modalités d'achats, l'optimisation devant s'accentuer entre business units notamment.Urgent de reconstruire des outils de régulationPour Damien Lacombe, président de Sodiaal Union, même si la coopérative avait accepté et anticipé la fin des quotas, il est urgent de reconstruire des outils de régulations. « La filière laitière dans son ensemble subit de plein fouet une crise agricole qui concerne toute l'Europe. Sodiaal avait anticipé la fin des quotas et soutient­ dans toute la mesure du possible le prix du lait versé à ses coopérateurs. Nous continuerons à soutenir nos producteurs quoi qu'il advienne et resterons acteurs et actifs dans ce contexte difficile. »« Pour autant, poursuit-il, nous affirmons qu'il est aujourd'hui de la responsabilité de chacun des vingt-huit de sortir des logiques nationales et d'agir de façon concertée et rapide pour construire un avenir agricole à l'Europe. Nous sommes convaincus que le monde a besoin de lait, mais un monde sans aucun outil de régulation n'est pas viable et ne permettra pas à une production laitière dynamique de subsister. Ne laissons pas disparaître les producteurs et éleveurs qui investissent aujourd'hui dans l'agriculture de demain. Ils doivent pouvoir vivre dignement de leur travail, faute de quoi, à terme, c'est l'Europe entière qui perdra son autonomie laitière. »

Yanne Boloh