Biocontrôle InVivo et Arterris testent l'épandage de trichogrammes sur maïs par drone
Mardi 21 juillet, à Cintegabelle (Haute-Garonne), Biotop, filiale du pôle agriculture d'InVivo, spécialiste des solutions de lutte alternative, Drones & Co et Agenium Informatique & Systèmes, ont réalisé des démonstrations d'épandage de trichogrammes sur maïs à partir d'un drone.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Aujourd'hui, tout ce qui peut remplacer l'épandage manuel des trichogrammes, pour lutter contre la pyrale du maïs, est intéressant pour les agriculteurs, souligne Alain Floureux, référent technique grandes cultures chez Arterris, coopérative partenaire du projet. Les hélicoptères sont efficaces, car ils peuvent couvrir 1 000 ha en deux jours, mais ils sont bruyants, coûteux et mal perçus par les néo-ruraux. De plus leur plan de vol doit être déposé longtemps à l'avance. »
« Dans la mesure où la technique des drones se perfectionne et où la règlementation évolue, ceux-ci peuvent être une solution. Il se peut que dans dix ou quinze ans, chaque agriculteur ait son propre drone. »
Quatre vagues de trichogrammes
Les essais de Biotop avaient lieu chez Alain Duphil, maïsiculteur à Cintegabelle, sur six parcelles différentes, totalisant une cinquantaine d'hectares de maïs. Le drone multicoptère générique utilisé, non spécifique à ce type de traitement, était équipé d'un distributeur de trichogrammes lâchant 170 capsules par minute non stop, dès le décollage. Le premier champ de cinq hectares a pu être couvert en un seul vol de treize minutes, qui a permis de distribuer 1 250 capsules, soit 250 par hectare.
Grâce au flux d'air produit par les pales du drone en rotation, les capsules qui sortent sous l'appareil sont plaquées au sol et ne risquent pas de s'envoler. Celles-ci pèsent un gramme et contiennent 1 800 oeufs de trichogrammes mélangeant quatre stades de développement de l'insecte, ce qui permet d'avoir, tous les quatre ou cinq jours, quatre vagues successives de naissances de cette minuscule guêpe qui détruit la pyrale du maïs.
Des améliorations attendues
« Nous sommes aujourd'hui bloqués par la durée des batteries des drones, qui est d'environ vingt minutes, explique Philippe Geny, de Drones & Co. Dans les conditions météo idéales, nous pouvons traiter cinq hectares avec une batterie. S'il y a du vent, celle-ci durera moins longtemps. Mais nous travaillons à améliorer les appareils. »
« En 2016, nous devrions couvrir seize hectares en un seul vol, avoir amélioré le distributeur de capsules pour pouvoir démarrer et arrêter leur diffusion à volonté, et augmenter la charge utile du drone. A terme, nous aurons un drone agricole d'une autonomie de trente minutes, avec une charge utile de quinze kilogrammes qui permettra de traiter de plus grandes surfaces. »
Un coût de traitement de 77 à 82 €/ha
Le vol du drone est programmé pour survoler le champ dont les coordonnées GPS ont été enregistrées. « Mais cela ne suffit pas, précise Joël Castets, d'Agenium Informatique & Systèmes, société spécialisée dans la simulation de systèmes de navigation. Le GPS ne nous dit pas s'il y a un poteau EDF ou des arbres qui gênent. Il faut aussi faire un repérage sur le terrain pour être certain que les abords de la parcelle sont sûrs pour le drone. »
Un drone peut couvrir 15 à 20 hectares par heure, pour un coût de traitement de 77 à 82 €/ha, qui comprend l'épandage (17 €/ha) et 450 000 oeufs de trichogrammes Biotop (60 à 65 €/ha). InVivo développe aussi un service d'épandage par ULM qui peut traiter 100 ha par heure pour le même coût.
Des capsules pour la première génération de pyrale
Les capsules de trichogrammes produites par Biotop sont pour le moment utilisables sur maïs couvrant, à l'abri du soleil, et ciblent donc la deuxième génération de pyrale qui arrive fin juillet-début août.
Mais l'entreprise travaille à la conception d'autres capsules, résistantes au soleil, pour traiter aussi le maïs contre la pyrale de première génération, en juin, lorsque le maïs est bas. Les premiers tests sur le terrain seront réalisés en 2016.
Florence Jacquemoud
Pour accéder à l'ensembles nos offres :