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Le HCCA a ouvert plusieurs chantiers sur les coopératives

Lors du dernier Sia, Daniel Chéron (à g.), président du HCCA, a présenté les résultats 2020 de l’Observatoire économique et financier, avec François Macé, président de la section économique et financière du HCCA.

Le Haut conseil de la coopération agricole s’engage dans des projets de décryptage des prix d’apport et d’amélioration des fonds propres des entreprises.

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« Les coopératives souffrent d’un déficit de capitaux propres », affirme Daniel Chéron, président du Haut conseil de la coopération agricole (HCCA), dans une interview qu’il nous a accordée quelques jours après avoir présenté au Sia l’analyse de l’Observatoire économique et financier pour 2020. Ce constat s’ajoute à un certain désinvestissement observé sur 2020 en raison, notamment, de la crise sanitaire. « Ainsi, le ratio endettement/Ebitda est passé de 4,69 en 2019 à 4,14 en 2020 ; ce qui démontre ce désinvestissement. »

Même si le chiffre d’affaires global des 1 173 coopératives prises en compte dans cet observatoire reste « relativement stable avec 86 milliards d’euros contre 86,6 en 2019 », il s’agit de rester vigilant, d’autant que le niveau de rentabilité des activités n’est pas habituellement élevé avec, sur 2020, un résultat net consolidé représentant 0,35 % du CA, en recul en regard de 2019 (0,43 %) et de 2018 (0,51 %). « La profitabilité n’est pas importante, mais c’est à relier à la nature même du fonctionnement d’une coopérative, car la valeur créée est redistribuée en partie aux coopérateurs à travers la construction des prix d’apport », remarque le président du HCCA.

Favoriser l’émission de titres participatifs

Aussi, face aux enjeux à relever qui vont nécessiter certains investissements, le HCCA a entrepris toute une réflexion sur les leviers susceptibles de faire augmenter les capitaux propres des entreprises, « sans remettre en cause, bien sûr, le principe coopératif avec des agriculteurs associés restant les garants de la gouvernance de leur coopérative ».

Différentes pistes sont étudiées, telle la possibilité d’augmenter la capacité à accéder à des titres participatifs. Certaines coopératives ont déjà eu recours à ce dispositif dont l’usage reste mineur. En effet, moins de 100 M€ auraient été ainsi mobilisés en France pour les coopératives agricoles. « Nous travaillons avec les pouvoirs publics sur la façon dont ils pourraient favoriser l’émission de ces titres participatifs. » Ce levier fait partie d’ailleurs d’une des propositions de la mission d’information parlementaire sur le secteur coopératif agricole et qui a rendu ses conclusions le 16 février dernier.

Parmi les enjeux qui se présentent, le président du HCCA pointe la revitalisation des territoires avec le rôle accru des coopératives sur leur territoire, la réindustrialisation de la France à laquelle elles peuvent également contribuer et l’amélioration de la balance commerciale qui a été fragilisée pour les secteurs agricole et alimentaire. « Quels investissements à réaliser pour améliorer notre compétitivité et notre balance commerciale ? », interroge Daniel Chéron.

Une étude sur trois ans des prix d’apport

D’autres chantiers sont en cours également. Le HHCA compte ainsi rebondir sur le rapport parlementaire, cité précédemment, pour « faire avancer les choses ». Les vingt-trois propositions de la mission d’information sont en cours d’analyse. « Nous allons travailler sur certains sujets pour renforcer le rôle des coopératives agricoles. »

D’autre part, une étude sur trois ans a été lancée, auprès d’un échantillon de coopératives représentatives, sur la façon dont est déterminé le prix d’apport. Cette initiative s’inscrit dans la lignée de la loi EGalim et ses indicateurs de rémunération des producteurs. Le président du HCCA tient à ce sujet à rappeler l’impact que peut avoir sur la rentabilité d’une coopérative son engagement contractuel à collecter tous ses adhérents, ce qui peut la différencier du privé. « Ainsi, les coopératives laitières collectent du lait dans des zones reculées même si ce n’est pas rentable. »

Et le HCCA travaille aussi sur son propre rôle. « Nous réfléchissons à la façon dont nous pourrions être plus réactifs sur certains sujets. Nous intervenons souvent a posteriori. Or face à certains dysfonctionnements, nous pourrions avoir des outils pour réagir plus rapidement. » L’appui de la révision et de son réseau de réviseurs, définie par Daniel Chéron comme le bras armé du HCCA, pourra être sollicité pour améliorer cette réactivité « dans un esprit d’aide des coopératives ».

Hélène Laurandel

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