Agri Sud-Ouest Innovation à fond sur l’agriculture régénératrice

« Cela va être probablement le plus gros projet dans le domaine », s’enthousiasme Laurent Augier, directeur général d’Agri Sud-Ouest Innovation, lorsqu’il évoque le programme Solnovo, dont l’objectif est de « démontrer la capacité de l’agriculture régénératrice à séquestrer du carbone dans toutes les filières ».

Moins de 2 % en France

Par agriculture régénératrice, le pôle entend une agriculture qui consomme moins d’intrants que l’agriculture conventionnelle et qui, par ses pratiques agroécologiques (couverts végétaux, faible travail du sol), génère des bénéfices environnementaux (lutte contre l’érosion, stockage du carbone, qualité et stockage de l’eau). Elle représenterait moins de 2 % de l’agriculture en France, contre 50 % au Brésil.

Actuellement dans une dynamique positive par rapport aux investisseurs privés, elle est, selon Cédric Cabanes, président du pôle, « fondée sur le concept d’ACS tout en étant un peu moins strict dans son application ». Néanmoins, la « période de transition est risquée pendant 3 à 5 ans pour l’agriculteur. C’est pourquoi l’accompagner par du financement de carbone stocké permettrait d’atténuer ce risque. »

15 000 à 30 000 ha concernés

C’est tout l’enjeu du programme Solnovo, qui va se matérialiser par le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) le 31 mars prochain à destination des structures animant des collectifs d’agriculteurs dans le Sud-Ouest. Elles auront deux mois pour faire part de leur motivation sous la forme d’une courte lettre d’intention.

Cet AMI servira à calibrer un appel à projets qui sera ouvert en septembre 2022 et sera une porte d’entrée pour intégrer Solnovo, constitué d’un programme de formation des agriculteurs et des conseillers, de ressources et d’outils pour faciliter le déploiement des projets sur le terrain, et d’acteurs privés mobilisés pour les soutenir financièrement dans un cadre défini par le programme et/ou à travers le marché volontaire du carbone.

10 à 15 projets de transition devraient être soutenus pendant cinq ans, réunissant chacun entre 15 et 30 agriculteurs. Cela couvrirait entre 15 000 et 30 000 ha en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.

Coops et négoces dans les starting-blocks

« La science va être au cœur du projet », affirme Laurent Augier, directeur du pôle de compétitivité, puisque les lauréats bénéficieront également d’un encadrement technique et scientifique des projets pour améliorer les outils de diagnostic et de mesure d’impact sur les parcelles engagées, mieux mesurer les taux de carbone dans les sols et mieux qualifier les services environnementaux et autre bénéfices socio-économiques. Le pôle de compétitivité pourra s’appuyer sur un accord-cadre signé en fin d’année 2021 avec l’Inrae et Valorial pour partager des réflexions stratégiques et acquérir de nouvelles références.

« Les feux sont au vert, assure Laurent Augier. On a fait le tour des coopératives, négoces et chambres d’agriculture du Sud-Ouest, et on sait qu’ils sont dans les starting-blocks. On va sans doute demander dans chaque projet qu’il y ait déjà un agriculteur ou deux dans cette logique d’agriculture régénératrice. »