Conseil : les agriculteurs plébiscitent la distribution
Le 6 avril, l’Académie d’agriculture a organisé une séance publique sur le conseil agricole et présenté les résultats d’une enquête qualitative. Si les agriculteurs sont multisources, ils plébiscitent la distribution appréciée notamment pour sa proximité.
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Une enquête pour « comprendre dans quel état d’esprit sont nos agriculteurs », a expliqué Hubert Defrancq, membre correspondant de l’Académie d’agriculture de France, le 6 avril lors d’une séance publique, visionnable en ligne. Une dizaine de membres de l’institution, menés par Frank Garnier (ex-Bayer), planchent sur l’avenir du conseil agricole depuis octobre dernier.
« Un thème fortement d’actualité »
« C’est un thème fortement d’actualité, explique Frank Garnier à Agrodistribution. Nous avons réuni des personnes de différentes sections de l’académie, pas uniquement de l’agrofourniture. » Par exemple, Jean-Marie Séronie, économiste, en est aussi membre. Les travaux devraient se terminer fin 2022.
L’enquête présentée par Hubert Defrancq a été menée en janvier et février derniers, auprès de 14 agriculteurs aux profils variés, avec des exploitations entre 10 et 400 ha, dans différentes régions : Hauts-de-France, Grand Est, Centre-Val de Loire, Nouvelle Aquitaine et Occitanie. Les producteurs sont en conventionnel et bio, avec des circuits de commercialisation divers, vente à une coopérative ou un négoce, contractualisation avec un transformateur et vente directe.
Multiples sources de conseil
« Plusieurs agriculteurs insistent sur la nécessité de faire appel à plusieurs sources pour recouper avec leurs expériences », explique Hubert Defrancq. Ils font part de l’importance de la redondance de l’information pour construire la décision. Les techniciens de coopératives et de négoces sont souvent la principale source de conseil.
La distribution est appréciée pour sa proximité avec les agriculteurs. « La compétence et le comportement du conseiller sont clef dans la relation, rapporte Hubert Defrancq. Il est cependant quasi systématiquement exprimé une inquiétude ou un reproche sur le décalage possible entre l’intérêt du client et l’intérêt de la coopérative ou du négoce. Pas simplement au travers des volumes mais aussi des produits qui sont portés, pas forcément optimisés par rapport au besoin. »
Les chambres pour l’administratif
Quant aux chambres d’agricultures, elles sont surtout utilisées pour les aspects administratifs : Certiphytos, déclarations Pac, plans de fumure… Les BSV sont connus et consultés. « Les chambres sont peu mentionnées comme ressource de conseil, et souvent avec des doutes sur la capacité à la faire de façon transparente », résume l’académicien.
« Leurs compétences ne sont pas forcément reconnues, appréciées et utilisés », note Hubert Defrancq. Il l’explique par un déficit de proximité avec les agriculteurs. « Plusieurs fois, il est indiqué que les chambres sont perçues comme un moyen de déployer les objectifs de l’État avant de servir les intérêts des agriculteurs. »
Un conseiller pour aider à arbitrer
Sur l’accompagnement au changement, « l’absence d’intérêt dans la vente est appréciée pour assurer la transparence des recommandations », comme dans les Ceta, chambres, ou avec les conseillers indépendants, « mais les agriculteurs reconnaissent être disposés à faire confiance à un conseiller de coop ou de négoce qui est professionnel et engagé ».
En conclusion, Hubert Defrancq précise : « La confiance joue un rôle important dans la relation avec les conseillers. » Il ajoute que « le rôle du conseiller est plus dans l’aide aux arbitrages que dans la diffusion brute des connaissances, qui est assurée de plus en plus par des OD et bulletins. » Quant à la séparation, elle « bien perçue et même souhaitée ».
Marion Coisne
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