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Comment Timac Agro ressent les tensions sur les engrais

Timac Agro est ferme : « Nous ne prenons pas de commandes si nous ne sommes pas en mesure de livrer la marchandise. » © S. MAILLARD

Lors d’un webinaire dédié au phosphore, jeudi 7 avril, Timac Agro a fait état des difficultés grandissantes à se procurer de la marchandise et assume sa politique de quotas.

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Comme l’ensemble des fabricants d’engrais, Timac Agro est confronté à des tensions grandissantes pour ses approvisionnements en matières premières. C’est une réalité depuis la pandémie de Covid-19, qui s’aggrave avec la crise ukrainienne, a exposé l’entreprise lors d’un webinaire dédié au phosphore, jeudi 7 avril.

Deux à trois mois de délais logistiques

D’une part, même s’il n’y a pas d’embargo sectoriel sur les engrais russes, « les contraintes actuelles (banques, assurances, logistique) rendent de fait les achats de matières premières quasi impossibles », indique Maxime Godart, responsable matières premières chez Timac Agro International. Alors que la Russie est le deuxième exportateur mondial de phosphate avec 2 Mt/an (en outre bas cadmium) et représente 20 % des importations européennes sous forme NP et NPK.

D’autre part, les délais logistiques se rallongent. « Avant le Covid, le temps entre l’achat de matières premières et l’arrivée dans nos usines était de trois semaines à un mois, il est désormais de deux à trois mois », signale-t-il, tout en rappelant la faculté de l’entreprise à anticiper les besoins et à s’appuyer sur son « sourcing diversifié » et son « agilité industrielle ».

Un système de quotas

Pour autant, Pierre-Yves Tourlière, responsable développement produit chez Timac Agro France, est clair : « Nous ne prenons pas de commandes si nous ne sommes pas en mesure de livrer la marchandise. C’est pourquoi nous n’avons annulé aucune commande. » La filiale du groupe Roullier a plutôt dû refuser certaines sollicitations et instaurer un système de quotas.

« Lorsque nous sommes sûrs de disposer de la matière première, à tel prix et en telle quantité, nous mettons derrière en place les tarifs et des quotas, reprend-il. Nous générons peut-être des frustrations, mais nous voulons être sûrs que l’agriculteur soit livré du produit qu’il a commandé au prix auquel il a commandé. La décision de proposer ou pas le produit au distributeur se fait aussi en fonction des logiques de partenariat. »

Un ralentissement des ventes en morte-saison

Après l’engouement suscité lors du démarrage de la morte-saison début mars, Pierre-Yves Tourlière reconnaît désormais un ralentissement : « Il y a toujours des ventes, mais qui ne sont pas forcément dans l’anticipation de la prochaine campagne, plutôt pour des utilisations immédiates de ternaires. »

Timac Agro France en a profité pour évoquer l’état de sous-nutrition phosphatée dans bon nombre de sols en France, alors que, selon une étude InVivo-Unifa datant de 2014, un apport de phosphore adapté aux besoins des cultures permet de valoriser 16 unités supplémentaires en céréales à paille et 31 en colza.

Renaud Fourreaux

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