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Ukraine : « Une situation incroyable », selon Jean-François Loiseau

« Nos filières animales sont extrêmement en risque », s’est inquiété Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales et de la commission thématique internationale de FranceAgriMer, lors d’une conférence de presse, lundi 28 février, au Sia. © R. FOURREAUX

Au Sia, lundi 28 février, Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales, s’est exprimé sur les conséquences du conflit ukrainien sur les marchés des grandes cultures.

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« La situation est incroyable, inimaginable il y a encore quelques jours. » C’est par ces mots que Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales et de la commission thématique internationale de FranceAgriMer, a démarré sa prise de parole lors d’une conférence de presse organisée par l’établissement public sur les conséquences de la guerre en Ukraine sur les marchés des grandes cultures, lundi 28 février, au Sia.

12 à 14 Mt de blé russe et ukrainien non encore exportés

Nouvelle flambée de l’énergie, disponibilités et prix des engrais, prix des céréales et conséquences sur l’alimentation du bétail… Les sujets d’inquiétude ne manquent pas. « Nos filières animales sont extrêmement en risque. C’est notamment le cas de la filière porcine vis-à-vis du tourteau de tournesol hi-pro », marché sur lequel la Russie et surtout l’Ukraine occupent une position dominante. Autre point de tension, « l’Italie et l’Espagne n’ont que trois ou quatre semaines de stock de maïs ».

Au-delà des cours du blé et du maïs qui affichaient 310 €/t à l’ouverture lundi matin sur l’échéance mars d’Euronext, se pose en effet la question des marchés. Alors que les ports sont bloqués, il restait à exporter pour la campagne 2021-2022 6 Mt de blé (dont la moitié de blé meunier) et 18 Mt de maïs du côté ukrainien, d’après la société locale UkrAgroConsult.

Du côté russe, dont l’économie commence à être affectée par les sanctions internationales, ce sont 12 Mt de blé, 3 Mt de maïs, et 1 Mt d’orge. Même s’il reste un surplus exportable de 1 à 1,5 Mt en France, et que l’Argentine et l’Australie ont réalisé de très bonnes récoltes, « on ne voit pas comment compenser ces 12 à 14 Mt de blé meunier qui vont manquer », s’interroge Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer.

« Il est temps de réarmer la France agricole »

Jean-François Loiseau est également revenu sur les entreprises françaises présentes en Ukraine, que ce soit dans les semences ou dans le malt. « Les usines sont fermées, la priorité est de sécuriser les collaborateurs pour ceux qui n’ont pas pu être rapatriés. » Mais « quid du devenir de ces usines qui pourraient être bombardées comme certains ports le sont déjà » ?

« Malheureusement, les évènements de guerre nous conduisent à dire qu’il est temps de réarmer la France et l’Europe agricoles et agroalimentaires, a-t-il conclu. Il est évident que la feuille de route Farm to Fork doit être complètement revue, sinon abandonnée. Avec quelques décisions prises sur les volets compétitivité et innovation, nous pourrions retrouver facilement une ambition de performance à l’international, dans le respect de la terre, des hommes et des femmes. »

Renaud Fourreaux

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