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Thierry Blandinières (InVivo) : « Il faut ouvrir les vannes pour produire plus en Europe »

Thierry Blandinières, directeur général du groupe InVivo, a assuré le 2 mars au Sia : « Nos actifs en Ukraine sont intacts, le stock est en place et si la crise dure moins de trois mois, elle aura un impact modéré sur le groupe. » © C. QUEHEILLE

Mercredi 2 mars devant la presse, au Salon de l’agriculture, Thierry Blandinières a fait le point sur l’impact pour le groupe de la guerre en Ukraine. Et sans attendre, il a appelé à produire plus de blé en Europe pour pallier le retrait de ce pays sur le marché mondial.

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Difficile pour Thierry Blandinières, DG d’InVivo, de démarrer la conférence de presse sur le thème « La 3e révolution agricole et le rôle de l’agriculture face au changement climatique », ce mercredi 2 mars au Sia, sans aborder la guerre en Ukraine. « Comment commencer, c’est toujours délicat », tente-t-il, avant de rappeler les positions importantes sur le marché russe et ukrainien du premier groupe coopératif français qui pèse aujourd’hui 10 Mds€, après le rachat du négoce Soufflet.

Ukraine : « On a tout arrêté, tous nos sites sont fermés »

C’est en effet Soufflet Agriculture qui possède en Ukraine une malterie, une activité collecte-appros (3 silos, 3 000 clients agriculteurs) et un bureau de trading des céréales. Au total, ce sont 500 salariés employés en Ukraine. Ce pays représentant 25 % du chiffre d’affaires de Soufflet Agriculture, ou encore 5 % du groupe InVivo.

« Aujourd’hui, on a tout arrêté, tous nos sites sont fermés et, par sécurité, on a coupé tous les circuits informatiques », confirme Thierry Blandinières. Il a précisé que le groupe a créé une cellule de crise et reste en contact régulier avec ses salariés ukrainiens, dont « une quarantaine ont pris les armes pour défendre leur pays ». Quant à la dizaine de salariés français en poste là-bas, ils sont tous rentrés jeudi dernier (24 février).

Maintenant « tout le monde attend », ne peut que constater le DG d’InVivo. Il se veut toutefois rassurant : « Nos actifs sont intacts, le stock est en place et si la crise dure moins de trois mois, elle aura un impact modéré sur le groupe. »

« Libérer les contraintes pour libérer les énergies »

En revanche, du point de vue géopolitique, il rappelle que l’Ukraine produit 30 Mt de blé par an et en exporte 20 à 25 Mt, soit 12 % des exportations mondiales. Et déjà, « le marché commence à anticiper le fait que l’Ukraine ne sera pas sur le marché, avec un prix du blé aujourd’hui à 380 €/t. » C’est pourquoi Thierry Blandinières invite à « libérer les contraintes pour libérer les énergies. Il faut ouvrir les vannes pour produire plus en Europe. »

Un premier engagement selon lui serait ainsi d’augmenter de 10 à 15 % la production européenne pour compenser le retrait de l’Ukraine sur le marché mondial. « Libérer des terres en jachère pour la prochaine campagne serait déjà un premier signal fort. »

Baisser la jachère, les charges, contenir le prix des engrais

Un deuxième signal fort serait de stabiliser les cours des engrais sur un an ou deux, en s’appuyant sur une aide publique au niveau européen. « Il faut que l’on puisse caper la flambée prévisible sur les engrais azotés indispensables à la production de céréales. »

Enfin, troisième signal : baisser les charges. « Il faut réfléchir à un vrai choc de compétitivité sur les charges, de l’ordre de – 10 à – 15 %. » Dans le même temps, il souhaite aussi un système assurantiel qui se mobilise pour soutenir les actifs en Ukraine qui ne sont pas couverts en temps de guerre. Le DG d’InVivo souhaite ardemment que le Farm to Fork soit modifié car, aujourd’hui, l’enjeu est de « produire plus, mieux et durable en France et en Europe ». Avec l’AGPB et La Coopération agricole, « on est mobilisé pour défendre ces sujets, maintenant, et il faut le faire », prévient Thierry Blandinières.

Catherine Queheille

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