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Saatbau valorise le savoir-faire local hors les murs

Les outils de collecte ont été adaptés pour le bio. Ici, l’un des cinq silos bio dans la grande zone céréalière à l’est de l’Autriche.

Principal pays européen dans la production d’agriculture biologique, l’Autriche s’est ouverte au monde après la chute du mur de Berlin. Saatbau a su saisir cette opportunité.

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«Nous sommes une coopérative au service de nos 3000 adhérents, annonce d’entrée Thibault Legroux, d’origine française, directeur des ventes pour l’Europe de l’Ouest de Saatbau. Les spécificités de l’Autriche nous ont amenés à faire profiter d’autres pays de notre savoir-faire, notamment en agriculture bio et dans le soja. »

La production de semences, facteur de valeur ajoutée

Issu de la fusion, en 1950, de cinq groupements agricoles locaux, Saatbau s’est tout d’abord développée sur les productions locales, pomme de terre et céréales, dans de bonnes terres avec une pluviométrie de plus de 800 mm par an, pour devenir l’un des leaders de la distribution autrichienne. Très rapidement, la coopérative décide de se spécialiser dans la production de semences en complément de la collecte. Ses activités se concentrent alors sur la sélection et la production de plants de pommes de terre et de semences de céréales et fourragères. « L’objectif était de proposer des productions de semences à nos adhérents, facteur de valeur ajoutée. » Au fil des années, la coop se déploie et sélectionne de nouvelles espèces, principalement du maïs hybride.

La production de plants de pommes de terre est abandonnée au début des années quatre-vingt, pour se concentrer sur le maïs. Un peu de chance et surtout le savoir-faire de Robert Taucher, à l’époque sélectionneur en champignons, vont être le déclencheur de la belle histoire de Saatbau à la fin du siècle dernier. Ensuite, tout va très vite. La première variété est inscrite en 2003, plus de 130 hybrides en 2018. Au total, plus de 300 variétés sont commercialisées multi-espèces, l’une des grandes forces de l’entreprise, allant du maïs aux épices et plantes aromatiques, en passant par les fourragères, légumineuses, oléoprotéagineux, blé, orge, triticale, blé dur, soja.

Les semences bio occupent une place de choix dans la stratégie de croissance de l’entreprise qui propose 27 variétés en maïs, 8 en soja, 4 en fourragères et des mélanges prairiaux, intercultures, colza, féverole, lupin. Sans oublier des espèces atypiques comme le petit et grand épeautre, la cameline, le sarrasin ou encore l’amidonnier, sélectionnées pour des marchés filières.

L’atout des segments de niche

« Avec 1,4 Mha de SAU seulement, dont une grande partie en semi-montagne, l’Autriche ne peut pas concurrencer les grandes nations comme la France ou la Russie, même si la zone ouest est très fertile. Il nous fallait nous différencier soit par une qualité exceptionnelle, par exemple sur la protéine, soit par du bio. Nous avons fait les deux », précise Thibault Legroux. À côté des semences, la collecte reste un pilier pour Saatbau. Sur 35 000 ha, sa filiale Saatbau Erntegut met en place des contrats filière pour les marchés comme le blé, le colza, l’orge brassicole, mais surtout sur des segments de niche comme les céréales anciennes, les épices et plantes aromatiques tel que le cumin. En soja bio et conventionnel, 13 000 ha sont sous contrat en Autriche. Les outils de collecte ont été adaptés pour la récolte bio.

l’entrée dans l’Europe

Historiquement tourné vers le marché intérieur, Saatbau a su mettre à profit les évènements géopolitiques européens pour s’agrandir grâce à sa position centrale stratégique au cœur du continent, traversé par le Danube. Deux évènements vont profondément marquer l’entreprise. La chute du mur de Berlin en 1989 et, en 1994, l’entrée dans l’Union européenne accompagnée par les aides à la production. « Nous étions prêts avec une gamme de semences, notamment en maïs et en soja, capable de répondre à une offre spécifique sur notre côté est dans les ex-Peco (*), et à l’ouest, grâce à nos particularités sur le bio et l’amélioration en protéines sur les céréales à paille », se réjouit Thibault Legroux.

La volonté et le courage du conseil d’administration vont beaucoup aider. Pas à pas, la coopérative de Linz a fait son chemin. Après la chute du mur de Berlin, des filiales sont implantées en Tchéquie, Slovaquie et Hongrie, des pays historiquement proches avec un passé commun dans l’empire austro-hongrois. Suivront la Russie, l’Ukraine et la Roumanie. L’adhésion en 1994 de l’Autriche à l’Union européenne ouvre au groupe d’autres horizons, avec le rachat d’usines en Pologne et une implantation en France. « Aujourd’hui, nous avons une taille suffisante pour peser sur le marché européen », affirme Thibault Legroux qui souligne également la moyenne d’âge des salariés de l’entreprise, 40 ans, « ce qui permet d’investir sur les hommes ».

Christophe Dequidt

(*) Peco : pays de l’Europe centrale et orientale.

- Les portes ouvertes organisées en juin 2019 ont accueilli 2 300 visiteurs en trois jours. L’occasion de découvrir l’orientation multi-espèces de la coopérative Saatbau.

© C. Dequidt - « Aujourd’hui, nous avons une taille suffisante pour peser sur le marché européen », affirme Thibault Legroux, directeur des ventes pour l’Europe de l’Ouest, chez Saatbau.

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