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La fertilisation organique dans une situation « presque schizophrénique »

Laurent Largant, délégué général d’Afaïa (à g.), Laetitia Fourié, présidente d’Afaïa, et Antoine Tricaud, membre du bureau, et directeur bioressources et méthanisation chez Terrial, le 15 novembre à Paris, lors de la conférence de presse. © R. FOURREAUX

Si les fertilisants organiques bénéficient actuellement d’une volonté politique appuyée, en pratique les fabricants ne voient pas de réel soutien, faisait observer le syndicat Afaïa lors d’une conférence de presse adossée à son colloque bisannuel, le 15 novembre, à Paris.

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Immanquablement, la situation actuelle bénéficie aux fabricants de fertilisants organiques et biostimulants, représentés par Afaïa, qui tenait son colloque bisannuel, mardi 15 novembre, à Paris, suivi par 150 participants.

Menaces liées à la grippe aviaire

La demande en fertilisants organiques est forte, les fabricants sont au taquet et les sites de production tournent à plein. Néanmoins, ils soulèvent de nombreuses préoccupations telles que la hausse du coût de l’énergie ou la tension relative au sourcing des matières premières.

« Là où la filière tremble, c’est si la grippe aviaire se répand sur le territoire. Ça peut vite représenter des millions de tonnes de fientes qui ne peuvent pas sortir des élevages », indique Antoine Tricaud, membre du bureau d’Afaïa et directeur bioressources et méthanisation chez Terrial.

Une réglementation pas encore aboutie

« On fait face également à quelques freins réglementaires », indique Laetitia Fourié, présidente d’Afaïa et responsable des affaires réglementaires de Hello Nature. Alors que le règlement européen 2019/1009 harmonisant la mise en marché des fertilisants est en vigueur dans toute l’Europe depuis le 16 juillet dernier, « il y a encore quelques manques », déplore-t-elle. En premier lieu le fait que la liste de sous-produits animaux soit toujours vide, rendant le règlement inapplicable pour des fertilisants issus de ces matières premières.

« Un millefeuille très difficile à gérer »

Pourtant, les fertilisants organiques jouissent actuellement d’une volonté politique appuyée. « Sur le papier, c’est très positif. II y a une bonne volonté à la base de réguler les choses, d’encourager les initiatives, souligne-t-elle. Mais dans la pratique, on est sur un millefeuille très difficile à gérer. C’est paradoxal, presque schizophrénique. »

Et d’expliquer que si les engrais minéraux peuvent être facilement mis sur le marché car en régime d’autodéclaration, les engrais organiques, du fait de l’absence de liste de sous-produits animaux, ne peuvent pour la plupart d’entre eux pas être certifiés CE et doivent passer par les voies nationales. « Ces trous ou ces flous dans la réglementation génèrent des distorsions de concurrence. »

« C’est une déception », poursuit Laurent Largant, délégué général d’Afaïa, alors que ce règlement européen est justement inclus dans un paquet économie circulaire. En outre, alors qu’il n’est pas encore totalement digéré, les fabricants doivent se projeter sur le socle commun d’innocuité des matières fertilisantes, une nouvelle réglementation nationale en cours de construction, pour laquelle ils se disent en alerte.

Renaud Fourreaux

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