Des aides, mais pas pour tous

Malgré l’assouplissement des aides d’urgence mises en place face à la flambée des factures énergétiques, une bonne partie des coopératives et négoces d’appro-collecte ne touche rien, notamment si elles ne sont pas des PME. « Rien d’autre n’est attendu en termes d’accompagnement. Régulièrement, des coopératives m’appellent pour les aides, je les renvoie vers les conseillers départementaux de sortie de crise mis en place par le gouvernement », relate Virginie Charrier, de La Coopération agricole. Des conseillers dont la liste est disponible sur le site du ministère de l’Économie, qui répertorie également l’ensemble des dispositifs d’aide.

Euralis, éligible aux « 4 M€ »

Premier dispositif mis en place en juillet dernier, le guichet d’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz est malheureusement assez peu accessible en raison des critères d’éligibilité exigés. Toutefois, les changements apportés à l’automne permettent au groupe Euralis de devenir éligible à l’aide plafonnée à 4 M€. Mais c’est du travail, comme en témoigne Olivier Rebenne, responsable énergies du groupe : « Nous devons monter un dossier d’aide pour chacune des entreprises du groupe qui peut être éligible et refaire le dossier tous les deux mois car le dispositif fonctionne pour deux mois. » Le groupe pourrait récupérer 1 à 1,5 M€ pour un surcoût du poste énergie de 15 M€ en 2022.

Quant à l’amortisseur électricité, opérationnel depuis janvier 2023, il s’adresse aux PME et TPE hors champ du bouclier tarifaire et peut trouver plus facilement preneur (cependant les PME des groupes n’y ont pas droit), notamment parmi le négoce agricole. Ainsi, Denis Pelé (Pelé Agri-conseil) a pu en bénéficier pour son contrat renouvelé au 1^er janvier 2023 pour une durée de trois ans. « Notre prix du KWh devrait doubler entre 2022 et 2023 au lieu d’être multiplié par 2,5. » Cette aide peut réduire jusqu’à 20 à 25 % la facture. Un simulateur sur le site impots.gouv.fr permet d’estimer le montant déduit directement des factures. Et un autre simulateur est disponible pour le guichet d’aide.

Des gains à réaliser avec les CEE

Par ailleurs, pour les projets d’investissements dans la production d’énergie (substitution du gaz par une chaudière biomasse, de la géothermie ou de la méthanisation), l’Ademe peut être sollicitée financièrement pour les études et conseils, subventionnés à hauteur de 50 à 70 %, et pour les investissements avec le fonds chaleur sur 30 à 50 % de leur montant. « Les entreprises trouveront des informations sur le site agirpourlatransition.ademe.fr », détaille Jean-Luc Saublet, directeur régional Ademe BFC.

Autre voie d'aides financières, les CEE (certificats d’économie d’énergie) dont deux concernent plus particulièrement la filière des grains (lire ci-contre). « Nous comptons faire une bonne information sur les CEE auprès des coopératives », annonce Virginie Charrier, de LCA. Depuis le congrès énergie de la FNA, des négoces se mobilisent aussi sur le sujet, comme le souligne Goran Djoric, de Cameo, société mandataire CEE présente au congrès : « J’ai été contacté par un négoce pour travailler sur un bâtiment tertiaire avec l’installation d’une pompe à chaleur et l’isolation de la toiture. » De son côté, Augustin Bouet, directeur grands comptes de Hellio, délégataire CEE, invite à « ne pas se laisser guider uniquement par le financement car on peut passer à côté de solutions intéressantes en termes d’économies d’énergie. C’est pourquoi nous commençons toujours par l’identification des économies à réaliser. »