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Le négoce à la une Charrière distribution, à fond la diversification

Stéphan Charrière, directeur général du groupe Charrière, et son fils Rudy, directeur commercial depuis septembre.

Rachats, démarche RSE, digitalisation… Le groupe Charrière est loin de se contenter d’un rythme de croisière. Le négoce gardois poursuit son expansion et renforce son implantation dans la région. Fidèle à son fil rouge, la diversification, il continue d’élargir son champ d’action.

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Chez Charrière, la diversification est bien plus qu’un mot d’ordre, c’est une stratégie globale et assumée. « Lorsque j’ai repris la société, à la suite de mon père, j’ai compris que pour durer, il fallait constamment se diversifier et cela fait 32 ans que je m’y attelle, confie le directeur général, Stéphan Charrière. Et notre particularité, c’est que nous nous diversifions à la fois dans les métiers agricoles et sur les segments de clientèle. Nous nous adressons aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. Notre force, c’est le multimétier. »

Ce patron ambitieux n’a de cesse d’ajouter de nouvelles cordes à son arc et maintient le rythme. En seulement sept ans, le groupe Charrière a racheté deux sociétés, trois enseignes Stihl et ouvert un magasin. Avec cette dynamique, le négoce projette d’atteindre un chiffre d’affaires de 28 M€ en 2026. Stéphan Charrière l’affirme : « On crée, on rachète, et on renforce notre implantation territoriale. »

Une offre étoffée

En 2022, le groupe gardois a acquis Agrovial, un négoce d’approvisionnement spécialisé en maraîchage et arboriculture, implanté depuis plus de 50 ans à Cavaillon (Vaucluse). « Développer notre présence sur une nouvelle zone géographique et sur des cultures minoritaires dans le groupe était un objectif stratégique », explique Stéphan Charrière. La filiale est désormais dirigée par Philippe Verhaege, un ancien technico-commercial Charrière distribution. « Cette nouvelle étape de mon parcours professionnel est aussi le moyen de découvrir un nouveau secteur, un nouveau métier et de transmettre plus de vingt-cinq ans d’expérience », témoigne-t-il. Les clients d’Agrovial bénéficient ainsi de l’ensemble des solutions du groupe, actif dans les métiers des cultures spé, de l’élevage, de l’alimentation animale (10 000 t/an de petfood), de la motoculture et des lubrifiants (distribution de la marque Total).

Charrière distribution vient d’ailleurs de renforcer son offre de matériel agricole et motoculture en reprenant en octobre Cévennes Matériels, basé à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard). « Avec ce rachat, nous aspirons à devenir leader du pôle motoculture, entretien des espaces verts et forestier sur le bassin alésien et le Gard rhodanien », ambitionne Stéphan Charrière. Ce site offre un espace de vente de 600 m2 et un atelier de 500 m2 dédié à la réparation multimarques du matériel agricole. « Avant, seuls les agriculteurs équipés de matériel Kubota pouvaient profiter de ce service de réparation. Mais ce dernier, désormais multimarques, permet d’ouvrir les portes de l’atelier à tous les agriculteurs des alentours. » En intégrant les huit salariés de Cévennes Matériels, le groupe Charrière atteint un effectif de 70 collaborateurs, confirmant sa volonté d’allier croissance économique et maintien d’une relation de proximité avec ses clients.

Développer la RSE

Ces valeurs, Rudy Charrière, le fils de Stéphan Charrière, les connaît bien. Diplômé d’une école de commerce, il a grandi au rythme de l’entreprise familiale et compte bien apporter sa pierre à l’édifice. « Dès 16 ans, j’y travaillais tous mes étés, et pendant mon alternance, j’ai participé à lancer le magasin de Montélimar (Drôme) », relate-t-il. En 2022, il a rejoint le groupe en tant que directeur adjoint de la filiale Agrovial et, depuis septembre, il occupe le poste de directeur commercial. « La transmission se fera progressivement sur une dizaine d’années avec des dossiers qui vont m’être confiés petit à petit. Le poste de directeur commercial est un passage obligé pour me préparer à prendre la relève. »

En parallèle, il s’attelle à développer la démarche RSE. Le négoce a notamment remporté le challenge Négoce-up’ 2024, grâce à son partenariat avec Ecofarms. Dotée d’une enveloppe de 25 000 €, la start-up va déployer sa plateforme, qui évalue, améliore et valorise les performances RSE des exploitations. Cinq fermes pilotes représentant l’ensemble des cultures ont été sélectionnées par le négoce. « Nous voulons être précurseurs et anticiper les attentes. Impliquer les agriculteurs dans cette démarche dès maintenant, c’est leur offrir les outils nécessaires pour être prêts le jour où des obligations arriveront sur ce sujet », pressent Rudy Charriere. Cette campagne servira de test. Si les retours sont concluants et démontrent un réel intérêt pour les agriculteurs, le groupe intégrera ce nouveau service à son offre dès la prochaine campagne. En outre, Charrière distribution a signé la charte « Relations fournisseurs et achats responsables » et vise une labellisation RSE dès janvier. Le négoce gardois ambitionne également de devenir organisme de formation pour proposer à ses clients de passer le Certiphyto et de participer à diverses formations.

200 000 € dans la digitalisation

Dynamique, Charrière l’est également en matière de digitalisation. Dernièrement, le groupe a accéléré sa transformation digitale en investissant près de 200 000 €. Cet automne, le négoce a revisité son parcours logistique : exit le papier, place à la douchette. « Nous avons déployé les solutions digitales dans les transports. En clair, le produit est scanné avec une douchette, ce qui imprime l’étiquette à coller sur la palette. Le chauffeur scanne ensuite le code-barres, livre au client et bipe une nouvelle fois pour confirmer la réception. Ce système permet d’envoyer automatiquement les bons de livraisons aux clients et la facturation à l’entreprise. Pour nous, c’est un choc car, auparavant, nous faisions tout en papier », explique Stéphan Charrière.

« Dégager du temps aux équipes »

Dans les magasins, le parcours client a, lui aussi, été digitalisé. Les caisses ont été remplacées par un comptoir central, servant de point d’information. Ici aussi, les douchettes sont reines. « Quand j’ai présenté ce projet, on m’a traité de fou, mais j’ai l’habitude, ça fait trente-deux ans qu’on me le dit », s’amuse-t-il. Munis de leur outil électronique, les employés accompagnent désormais les clients dans les rayons, les conseillent, scannent les articles directement avec eux, et n’effectuent plus les allers-retours vers la caisse. « L’objectif est de dégager du temps aux équipes pour les amener auprès des clients et ainsi augmenter le panier moyen. »

De son côté, le site web a été refondu, intégrant un extranet où les clients ont dorénavant accès à leurs devis, factures et historique d’achats. En parallèle, le négoce a mis à jour son application de commandes. Les devis sont envoyés et validés par les clients via cette nouvelle plateforme. « Alors que les clients avaient l’habitude de passer leur commande par téléphone, désormais ils doivent impérativement la valider via l’application. » De plus, le groupe propose, depuis le printemps dernier, un service de location de matériel via Lokki. « Tout se fait en ligne, évitant les erreurs et les annulations imprévues grâce à un acompte. » Enfin, le négoce s’est équipé de Zeendoc, un logiciel qui automatise le traitement des documents administratifs. Il gère les frais généraux, compare et saisit les bons de commande, les bons de livraison et les factures fournisseurs pour intégrer directement les données dans la comptabilité, sauf en cas d’erreur détectée. « Une facture de 35 lignes qui prenait 30 minutes à saisir est maintenant traitée en quelques secondes. »

Et si de nouveaux projets germent déjà dans son esprit, Stéphan Charrière préfère temporiser : « Il faut qu’on respire un petit peu. Cette année, nous allons voir comment tous ces changements sont digérés par mes salariés. » Pour autant, il ne cache pas son enthousiasme pour les défis à venir et notamment concernant l’intelligence artificielle. « Elle permettrait d’améliorer la prévision d’achats. Et une bonne prévision, c’est de l’argent économisé parce qu’on n’a pas de sur-stocks. Cela peut également libérer de l’espace utilisable à d’autres fins et représenter éventuellement un service facturable. Donc grâce à l’IA, nous pouvons atteindre une performance économique au-delà de ce que nous pouvons imaginer. De quoi explorer de nouveaux segments. »

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