La nutrition animale face au renchérissement du soja
Alors que les négociations commerciales entre l’agroalimentaire et la grande distribution démarrent, le Snia alerte sur la hausse du prix du soja dans le contexte d’incertitude quant à l’application ou non de la règlementation européenne sur la non-déforestation importée (RDUE) au 30 décembre prochain.
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La question de l’application dès la fin de l’année ou du report de la règlementation européenne sur la non-déforestation importée (RDUE) met en colère le président du Snia, François Cholat, comme il l’a signifié en conférence de presse, jeudi 13 novembre. Alors que l’influenza aviaire commence à frapper, c’est l’une des incertitudes qui plombent l’année de la nutrition animale.
Volte-face sur la RDUE
Jusqu’à présent, 2025 est plutôt une bonne année en matière de volumes, avec une prévision de + 1,1 % à 19,67 Mt. Les principales régions productrices repartent à la hausse, sauf le Sud-Est. Les matières premières ont été plutôt peu chères cette année, même le soja. Mais ce dernier s’est renchéri de 15 à 20 % depuis la volte-face de la Commission européenne fin octobre : après l’annonce d’un report de la RDUE le 23 septembre, elle est revenue en arrière en proposant une simplification (que les fabricants appellent de leurs vœux), mais avec une entrée en application fin 2025.
« Nous ne sommes pas contre la non-déforestation, au contraire, les fabricants d’aliments se sont engagés dans le manifeste Duralim et arriveront aux 100 % de garanties de non-déforestation selon les lignes directrices de la Fefac fin 2025 », pointe François Cholat. Mais la charge administrative de la traçabilité à la parcelle est trop lourde et le système informatique européen mal dimensionné, selon les représentants du syndicat.
Manque de visibilité en soja
Alors que les négociations commerciales des marques de l’agroalimentaire avec leurs clients de la grande distribution démarrent, le Snia alerte sur le manque de visibilité sur les cours et les volumes de soja qui seraient disponibles selon l’application ou non de la RDUE dès le 30 décembre prochain. « 60 % de nos fournisseurs refusent de coter pour 2026 face à cette incertitude. Or nous passons des contrats à 3, voire 6 mois », rappelle Ludovic Michel, vice-président du Snia.
Autre incertitude, l’évolution sur la fiscalité française des biocarburants : la production de bioéthanol fournit 340 000 t de drêches et celle de biodiesel 1 Mt de tourteaux de colza. « Au total, cela représente l’économie d’un million de tonnes de soja importé », chiffre Stéphane Radet, le directeur du Snia.
Coûts de production : + 17 % depuis 2021
En outre, le syndicat fait part d’une hausse déjà conséquente des coûts de production depuis 2021 : + 17 %. Main-d’œuvre (+ 16 %), pièces d’usure (+ 30 %), gaz (+ 25 %), informatique (+ 11 %)… Tous les coûts ont fortement augmenté, détaille Philippe Manry, vice-président du Snia.
Dans le même temps, le secteur enregistre une dégradation des résultats financiers des entreprises avec, selon l’Observatoire du Crédit Agricole, une rentabilité de 0,7 % pour la nutrition animale. À comparer avec les 3,2 % de l’ensemble des IAA. Difficile donc pour les structures d’investir dans l’innovation ou la décarbonation.
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