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De vraies sources d'inquiétudes

L'alimentation animale industrielle française devrait en 2012 rester dans la tendance baissière des dernières années, aux environs de - 1 %, avec un décrochage plus fort en porc. Une baisse légère qui masque de vraies inquiétudes, notamment sur les ressources.

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L'industrie de l'alimentation animale française devrait enregistrer une nouvelle baisse de sa production en volume de 1 %, selon les premières analyses conjointes Coop de France Nutrition animale - Snia. Les statistiques des neuf premiers mois de l'année montrent en effet un recul de 1,2 %. L'inquiétude majeure porte sur les aliments pour porcs qui, avec - 3,4 % de janvier à septembre, montrent des signes de faiblesse que ne rattrape pas la reprise des cours à la fin de l'été.

Le porc inquiète

La baisse en volume des aliments pour porcs semble cependant se ralentir. Ce qui donne un peu d'espoir, soutenu par la remontée des aliments pour porcelets (+ 5,3 % depuis le début de l'année). Mais cette dernière pourrait ne refléter que le comportement opportuniste des éleveurs fabriquant leurs aliments à la ferme, mais se reportant sur les aliments industriels, quand les cours des matières premières sont élevés, afin de profiter de l'effet de lissage. Autre point légèrement positif, sur douze mois, les aliments pour porcs charcutiers baissent plus que ceux pour truies (- 4,4 % contre - 3,1 %). Cela laisse espérer un arrêt de la décapitalisation du cheptel. Difficile de croire, cependant, à un renversement de tendance à court terme. « Nous sommes vraiment dans un scénario de décroissance nationale, alerte Stéphane Radet, du Snia. Certaines régions se désertifient en matière de production porcine, comme le Sud-Est qui enregistre - 9 % en volume d'aliments produits cette année. Les éleveurs n'investissent plus, le taux d'installation est au plus bas, et l'effet bien-être occasionne une baisse de production de 5 à 10 % dans certains élevages. » Les indicateurs du marché qui avaient contribué à la hausse des cours du porc se sont inversés, depuis septembre. Ils orientent, selon le Marché du porc breton, le prix de marché dans le sens inverse. Autre secteur compliqué, les aliments pour ruminants.

Le bovin ne compense pas

Après un début de campagne laitière dynamique (+ 3 % sur les trois premiers mois), la collecte régresse comme le pointait le Conseil spécialisé de FranceAgriMer, le 17 octobre. Ce retrait est pour partie lié au cours des matières premières qui a incité les éleveurs à contracter leurs achats au détriment des performances techniques. Les productions fourragères, correctes, ne compensent pas en effet les apports nutritionnels complémentaires. Les bovins viandes sont plus en retrait que les vaches laitières, car les éleveurs gèrent plus sur des critères de profit d'atelier que sur les aspects coûts. En lait, ils sont incités par les hausses de prix des aliments à tarir plus tôt, mais doivent revenir aux achats après vêlage. « On pourrait tabler sur l'année, si la demande actuelle en correcteurs azotés se maintient, à une progression globale des aliments pour ruminants de 1,5 à 2 % », estime donc Michel Dochez de Coop de France NA.

La volaille reste dynamique

La volaille se montre plus dynamique et ce, malgré le cataclysme Doux. Les volumes d'aliments pour les poulets de chair restent plutôt stables (+ 0,2 %), la dinde reprend un peu de couleurs (+ 2 %), mais la pondeuse souffre (- 2,5 %). Les volumes de production d'oeufs sont revenus à la normale après la mise aux normes des bâtiments, entraînant un manque d'oeufs au printemps. Cette disponibilité retrouvée se traduit par des tensions sur les prix avec les GMS. Au lieu de répercuter la flambée des prix des matières premières, certains opérateurs semblent même avoir accepté des baisses de prix. Cette répercussion des hausses vers le consommateur est pourtant l'un des sujets principaux de la profession.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH

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