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Le nouveau visage des firmes phytosanitaires

Après de nombreuses réorganisations, les firmes cultivent leurs nouvelles identités articulées autour des derniers besoins agricoles, sociétaux et environnementaux.

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Depuis plusieurs années maintenant, le paysage mondial des produits phytosanitaires est en pleine réorganisation à coups de rachats, fusions et cessions. Aujourd'hui, les plus grandes transactions sont terminées et plusieurs géants de l'agrochimie sont définitivement nés. Alors que les forces en présence construisent chacune leur nouvelle identité, elles affichent l'ambition commune de participer à l'évolution attendue par le monde agricole et la société civile, en construisant « l'agriculture durable » de demain.

Mutualiser les forces

Malgré la valse incessante des produits qui en résulte, la perte d'entités commerciales parfois importantes pour les entreprises souhaitant s'élargir, et les opportunités qui en découlent pour les autres, c'est bien le besoin d'innover en mutualisant les forces qui est visé. Pourquoi Bayer a-t-elle fait le pari osé d'acquérir Monsanto malgré son encombrante réputation ? Un choix complètement assumé selon Frank Garnier, président de Bayer France : « Avec l'acquisition de Monsanto, nous renforçons notre second pilier, l'agriculture, pour accroître nos capacités d'innovation. »

Corteva, le fruit 100 % agricole de la fusion Dow-DuPont, mise sur son caractère « atypique » en concentrant ses forces uniquement vers l'agriculture. Le Français De Sangosse n'est pas en reste, avec plusieurs investissements, notamment dans le biocontrôle. La firme explique miser sur « la complémentarité des activités ». Après son annonce du rachat de CCL, société française de référence dans les adjuvants et les produits de biocontrôle, elle a fait l'acquisition d'entreprises espagnoles spécialisées dans les biofertilisants et les biostimulants et a créé la nouvelle entité Biológica Nature. Autre transaction annoncée cette année, le rachat d'Arysta LifeScience par UPL pour 4,2 Mds$, et qui devrait être finalisée début 2019.

Agriculture durable

Nul doute aujourd'hui que la protection des plantes doit s'inscrire dans une démarche globale d'« agriculture durable », pour répondre aux enjeux agricoles, alimentaires, sociaux et environnementaux : produire mieux et suffisamment. Syngenta a ainsi basé son « plan de croissance responsable » sur les principes de développement durable des Nations unies et a engagé cet été une consultation mondiale des parties prenantes afin de développer une vision commune de l'agriculture durable et identifier les axes d'amélioration. Bayer clame « agir de façon responsable, et vouloir façonner l'agriculture au bénéfice des agriculteurs, des consommateurs et de la planète ». Arysta affiche pour sa part une stratégie « agro-responsable », BASF a sa démarche « Éco-acteurs » et De Sangosse se lance dans la « positive production ».

Com' et transparence

Communication, transparence, dialogue, débat, sont devenus les maîtres mots des industriels soucieux de redorer leur blason et d'expliquer leur métier. L'UIPP, pour ses 100 ans, a souhaité en 2018 impulser une nouvelle dynamique de pédagogie autour de la protection et de la santé des plantes. Son « siècle vert » est ainsi une grande opération de communication avec à la clé un manifeste présentant les engagements de la filière, et ponctuée d'évènements pédagogiques avec son exposition temporaire, « La cité du siècle vert », à Paris, mais également des visites organisées pour découvrir la filière sur le terrain. Dans une dimension plus formelle de transparence, les industriels se sont engagés le 26 mars 2018 à publier les données servant à l'homologation de leurs produits phytosanitaires et permettre plus facilement l'accès du public aux données de sécurité des produits. Bayer a devancé cet engagement en lançant fin 2017 sa plateforme en ligne cropscience-transparency.bayer.com, ouverte à tous et partageant les données de ses propres études et celles de rapports indépendants, concernant ses phytos, et ainsi « promouvoir un dialogue ouvert fondé sur des faits et des données scientifiques », a déclaré Lise Lemonnier, directrice communication de Bayer France. Toutes ces données ouvertes au public sont cependant initialement destinées à un public averti et donc pas à la portée de tous. Sous la pression sociétale, beaucoup d'informations sont sorties de leur contexte. Cet excès d'informations ne participerait-il pas à entretenir l'ambiance anxiogène qui règne actuellement ?

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