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Les fabricants entre ruptures et mutations

La production nationale d'aliments industriels pour animaux devrait enregistrer cette année une nouvelle baisse qui cache de multiples contrastes : émergence de nouveaux acteurs dans l'alimentation des bovins, redistribution en volailles, blocages en porcins...

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L'année 2014 s'inscrit en France dans la continuité des années précédentes avec une prévision de 21,09 Mt, soit une baisse de 0,9 %. Le tonnage régresse donc encore, malgré l'arrivée dans les statistiques des producteurs de mash qui viennent renforcer la seule tendance positive, celle du secteur des ruminants. Depuis l'année record de 2001, la tendance à la baisse des fabrications industrielles d'aliments pour animaux se poursuit malgré le sursaut de 2007-2008 lié, à l'époque, à plusieurs facteurs : hausse de la collecte laitière, fin de la grippe aviaire, très forte hausse des prix des matières premières incitant les éleveurs à acheter des aliments complets.

A l'assaut du marché national

Sur les huit premiers mois de l'année, le tonnage est déjà en baisse de 0,5 %. En année glissante (juillet 2013-juin 2014), il s'établit à 21,1 Mt. La volaille garde largement la tête avec 8,63 Mt, mais sa position s'est érodée, depuis ses plus belles années à plus de 9,75 Mt (- 12 % depuis 2000). Comme l'an dernier, en effet, la production d'aliments continue à s'effriter (- 1,5 %). En poulets de chair, elle recule à elle seule de 6 % depuis le début de l'année, sous l'effet notamment du ralentissement entamé dès l'été 2013 des productions de poulet export de Tilly Sabco, mis en liquidation judiciaire fin septembre 2014. Son avenir devrait être scellé le 30 novembre. Son concurrent Doux, lui-même en plan de continuation et soutenu par son principal client, n'envisage pas de reprendre l'outil, mais il pourrait reprendre une partie de ses approvisionnements en vif. La crise de l'export n'explique cependant pas toute la baisse des volumes.

Ainsi, l'un des gros enjeux de l'aviculture française est de reconquérir son propre marché intérieur. La part d'importation du seul poulet est en effet passé de 8 % dans les années quatre-vingt-dix à plus de 40 % l'an passé, alors que la consommation nationale a progressé dans le même temps de 60 %. Sur les segments de la transformation, l'érosion des nationaux est encore plus forte : 80 % de la viande de volaille destinée aux PAI est importée. Les interprofessions ont donc lancé des opérations de communication vers les collectivités territoriales. « La provenance française est en train d'apparaître dans les appels d'offres pour les cantines, les hôpitaux et les maisons de retraite », se réjouissait Gilles Le Pottier de l'interfilière dinde, canard, poulet de chair, lors du Space. Mais le plus gros espoir est porté par l'annonce, le 17 octobre, de l'alliance LDC-Sofiproteol. Alors que Gastronome annonçait pour le milieu de 2015 la fermeture de son unité de transformation de Luché-Pringé (Sarthe), les deux groupes ont en effet conclu une alliance visant à reconquérir le marché français, puis à partir ensemble à l'international. Jean-Philippe Puig, DG de Sofiprotéol, et Denis Lambert, PDG de LDC, affirment ainsi soutenir la production de volailles en France, quitte à aider les éleveurs auparavant dédiés à l'export à transformer leurs bâtiments. Le coût d'une telle évolution est en effet estimé entre 50 000 à 70 000 €. Le segment des porcs reste, quant à lui, très morose. Toutes les catégories d'aliments complets régressent, en porcs charcutiers comme en porcelets et truies. Même si les aliments complémentaires pour les porcs charcutiers progressent, ces volumes sont loin de compenser la chute de production porcine que souligne la baisse des aliments. Pourtant, la baisse des prix des matières premières se traduit, par une baisse de 7,8 % du prix d'achat des aliments en 2014 par rapport à la même période l'an passé, selon Agreste.

Les ruminants ne suffisent plus

Désormais, les aliments pour ruminants (+ 3,4 %) qui, toujours troisièmes, progressent assez pour flirter avec les aliments porcs, ne suffisent cependant plus à compenser les pertes de volumes des aliments pour monogastriques. Leur progression, portée par l'évolution dans l'univers laitier, est aussi liée à l'intégration des productions de mash. La moitié de la hausse des volumes en aliments ruminants est en effet liée à ces mashs, mélange de matières premières visibles. Ce type de préparation progresse d'autant plus en volume que le travail d'identification des opérateurs effectué par Coop de France Nutrition animale et le Snia, permet d'en intégrer régulièrement de nouveaux dans les statistiques.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH

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