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Un savoir-faire et une grande diversité climatique

La France est depuis toujours un grand pays producteur de semences. Un succès, qui à l'exception de quelques espèces, ne se dément pas.

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Du nord au sud, d'est en ouest, quelles que soient les régions, notre pays accueille une diversité impressionnante de productions de semences. « La France, c'est le jardin des semences, avançait lors de l'assemblée générale de la section maïs à l'UFS, Catherine Lambolley, sa présidente. La France a trois atouts majeurs, la stabilité des rendements, la structuration de la filière et la gestion de la complexité. »

« C'est aussi un grand pays de sélection et la production de semences en bénéficie », précise François Burgaud, du Gnis. Des céréales à paille aux potagères et florales, en passant par le maïs, le tournesol, le colza les graminées et légumineuses... ou les betteraves sucrières, le territoire français est l'un des rares au monde à abriter une telle variété de cultures de porte-graines ou de multiplication de semences. Et les surfaces qui leur sont consacrées continuent chaque année à augmenter. Elles sont passées de 325 100 ha en 2008, à 397 300 ha en 2014 ! Une hausse de 22 % au cours des six dernières années.

« Pratiquement toutes les espèces ont vu leurs surfaces progresser ces dernières années, souligne Philippe Silhol, du Gnis. La plus forte hausse est assurée par le maïs. » Les surfaces de maïs semences ont atteint 97 500 ha cette année, alors qu'elles étaient comprises entre 50 000 et 60 000 ha, il y a quatre ou cinq ans. Elles vont cependant baisser en 2015, car les récoltes ont été très bonnes en Europe, et les stocks de semences sont reconstitués. Le Sud-Ouest, avec l'Aquitaine et le Midi-Pyrénées, arrive bien sûr en tête de la production d'hybrides de maïs, devant les Pays de la Loire. « Mais on voit aussi apparaître de nouvelles zones de production de semences, en Rhône-Alpes et en Alsace, remarque le responsable du Gnis. En oléagineux, la France tire aussi très bien son épingle du jeu en tournesol (15 600 ha) et en colza (13 600 ha). Les pays d'Europe de l'Est, l'Ukraine et la Russie, sont, en effet, des demandeurs de semences de tournesol. Et le sud de la France est bien placé pour produire du colza à destination de l'Allemagne, par exemple, car les récoltes y sont beaucoup plus précoces qu'Outre-Rhin et le colza a un cycle très long qui laisse peu de temps entre la récolte et les semis. » Le courant d'exportation a été tiré ces dernières années, par un accroissement de la demande en semences de qualité dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, et en Ukraine et en Russie. « A court terme, les difficultés politiques rencontrées en Ukraine ou les tensions commerciales avec la Russie peuvent compliquer nos exportations », souligne François Burgaud. Déjà en 2014, le chiffre d'affaires à l'export de semences françaises vers ces deux pays, a reculé de 164 à 141 M€.

Le blé, première espèce multipliée en France

En terme de surfaces, le premier groupe d'espèces cultivé en France, est celui des céréales à paille, avec à lui seul, 167 400 ha, soit 42 % des surfaces de production de semences. Le blé tendre est la premièreespèce multipliée sur le territoire français, talonnée de près par le maïs. Les grandes zones de production de semences de céréales sont sans surprise les grands bassins céréaliers, avec en tête, le Centre, la Champagne-Ardenne et le Nord-Picardie. Leurs surfaces progressent régulièrement, + 8 % au cours des six dernières années. A noter que les semences de blés hybrides représentaient en 2014, 7 000 ha des 97 800 ha de production de semences de blé et que Saaten Union prévoit un accroissement de leurs surfaces en France de 15 à 20 % en 2015.

Les betteraves constituent également un fleuron de la France, même si leurs surfaces restent relativement stables, avec une grande zone de production dans le Sud-Ouest, Aquitaine et Midi-Pyrénées, mais aussi dans le Centre, en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et maintenant en Poitou-Charentes. « Si une part importante des semences produites en France est destinée aux autres pays européens, les statistiques sont plus difficiles à interpréter que pour les autres espèces, car des semences produites en France peuvent être conditionnées hors de France, puis revenir sur le territoire pour être semées », indique Philippe Silhol.

Les semences potagères ont aussi progressé régulièrement ces dernières années, leurs superficies sont passées de 13 800 ha en 2008, à 20 650 en 2014. Elles sont surtout produites dans le Centre, en Languedoc-Roussillon et en Pays de la Loire. Les plants de pommes de terre bénéficient également d'une très bonne image à l'export, grâce à leur qualité sanitaire. Les obtenteurs hollandais confient chaque année, une part de plus en plus importante de leurs productions de plants aux producteurs français, en particulier à ceux de la grande zone Nord qui regroupe le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et la Haute-Normandie.

Nouvelles aides couplées pour les fourragères

Les semences fourragères sont par contre les espèces qui ont le plus souffert ces dernières années. Si les surfaces de légumineuses fourragères sont restées assez stables autour de 17 000 ha, celles de graminées sont passées de 17 500 ha en 2008 à 12 150 ha en 2014. Ce secteur vient cependant d'obtenir un petit coup de pouce dans le cadre de la nouvelle Pac. C'est d'ailleurs un dossier que la Fédération nationale des agriculteurs-multiplicateurs de semences, Fnams, a défendu avec ses partenaires de l'interprofession. Concrètement, les semences fourragères qui avaient vu leurs aides directes disparaître avec les évolutions précédentes de la Pac, se voient attribuer de nouvelles aides couplées, dont l'enveloppe s'élève à 4 M€ (avant prélèvement pour transfert du premier pilier vers le second) pour les semences de légumineuses fourragères et 500 000 € (avant prélèvement) pour celles de graminées prairiales, avec un plancher de 150 €/ha et un plafond de 200 €/ha. « En ce qui concerne l'évolution de la Pac, nous devons encore nous assurer que chaque production de semences fourragères, ray-grass et trèfle par exemple, sur une même exploitation, sera bien considérée comme une culture à part entière, et que les différentes espèces ne seront pas regroupées dans un paquet commun - semences fourragères -, explique Anne Gayraud, directeur administratif et affaires syndicales de la Fnams. C'est important, pour les mesures de diversification des cultures dans les critères de verdissement. Nous sommes par contre satisfaits de voir qu'il n'y aurait pas de contraintes de production sur les cultures de légumineuses éligibles aux SIE (surfaces d'intérêts écologiques), ce qui devrait permettre d'y comptabiliser nos productions de semences. » Plutôt rassurant pour les producteurs français qui avaient du mal à être compétitifs par rapport aux agriculteurs danois beaucoup plus spécialisés ou néo-zélandais.

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