Sous le signe du renouveau
Nouveau règlement européen dès 2011, nouvelles règles françaises (Ecophyto) qui se concrétisent, nouveaux produits tous azimuts et même nouvelles firmes : l'agrochimie française n'a pas le temps de s'ennuyer malgré une baisse de l'activité pendant la dernière campagne.
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Le secteur de l'agrochimie française n'en est pas à son premier virage, mais la campagne 2010-2011 va bien être marquée du sceau de grands bouleversements. La réglementation européenne sur l'autorisation de mise sur le marché des molécules et produits va changer, après vingt ans de bons et loyaux services de la directive 91/414 qui avait déjà secoué le secteur. Alors qu'en France le marché est désormais indissociable du Plan Ecophyto 2018 qui déploie sur le terrain ses premières mesures d'accompagnement de l'emploi des produits. Dans ce contexte, leur nombre ne cesse de diminuer. Toutefois, le déblocage réglementaire des homologations permet un renouvellement comme le marché n'en a pas connu depuis longtemps.
Souffler le chaud et le froid
De quoi souffler le chaud et le froid sur le secteur qui connaît également des hauts et des bas du côté des résultats. Les firmes phytos françaises ont vu ainsi leurs ventes 2009-2010 chuter d'environ 15 %, après deux campagnes records (voir infographie). Beaucoup s'accordant à dire qu'il s'agit essentiellement d'une baisse conjoncturelle…
Comme la plupart des marchés de l'agrofourniture, celui des phytos est entré bel et bien dans l'ère de la volatilité, liée à la fois à celle des cours des productions et à la météo. A la conjoncture financière s'ajoute aussi celle de la politique environnementale. De plus en plus, les agriculteurs ne traitent que lorsque le besoin s'en fait réellement sentir, négligeant les achats de morte-saison, ce qui complique l'organisation logistique des firmes et des distributeurs. Une organisation d'autant plus mise à mal que la LME (Loi de modernisation économique) entraîne le report des commandes des distributeurs au plus près des dates de livraison aux agriculteurs.
Tout cela met la France, premier consommateur européen de produits phytos, un peu à l'écart de l'engouement mondial pour l'agrochimie. " La France reste une région majeure, mais les responsables français des multinationales ont plus de mal à convaincre les sièges d'y investir, note Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes). Lorsqu'il est question d'établir une usine de production pour une molécule, c'est le plus souvent une région émergente qui est choisie. " L'UIPP confirme donc cet automne la baisse du chiffre d'affaires de l'agrochimie française en 2009-2010 qui s'établirait à 1,8 milliard d'euros, soit - 14,8 %. C'est moins que les deux campagnes précédentes, qui étaient considérées comme des records du fait d'une pression parasitaire importante, mais c'est tout de même relativement stable si l'on compare ce chiffre sur les dix dernières années. L'analyse par indices sur vingt ans démontre même que malgré ce récent recul des utilisations de phytos et la volatilité qui s'installe, le chiffre d'affaires baisse durablement beaucoup moins que les volumes. Sur les dix dernières années, les quantités de produits épandues en France sont en effet sur la pente descendante, alors que le chiffre d'affaires du secteur se maintient et a même tendance à augmenter.
Maintien de la valeur
Les agrochimistes expliquent que des facteurs externes font monter les prix des produits (frais d'homologation, tensions mondiales sur les usines, coûts de synthèse des molécules ou, encore, redevance française), mais le maintien de la valeur du marché profite également bel et bien aux firmes. La prépondérance des spécialités et des nouveautés haut de gamme, qui affluent, tire en effet le marché vers le haut, même en période de coup de frein sur les pulvérisations.
La baisse de 15 % cache bien sûr quelques disparités avec surtout une forte chute du marché des fongicides (- 20,6 %) due à une faible pression des maladies sur les céréales (sécheresse du printemps) et du mildiou en vigne. De leurs côtés, les herbicides baissent moins sévèrement (- 8,5 %) et deviennent le premier segment de marché phytosanitaire français en valeur. Compte tenu des phénomènes de résistance et de la raréfaction des modes d'action, l'investissement en désherbage reste en effet important pour les producteurs sur de nombreuses cultures, quel que soit l'effet climatique de l'année.
DOSSIER REALISÉ PAR LAURENT CAILLAUD
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