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Les familles se cherchent

La perspective de l'harmonisation européenne de la mise en marché des fertilisants met un coup de pied dans la fourmilière des associations européennes et nationales. Certes, des projets communs émergent, mais les acteurs avancent plutôt en ordre dispersé. Chacun devra trouver ses marques.

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« L'harmonisation européenne de mise en marché des engrais fait bouger les lignes », rend compte Benoît Planques, directeur des affaires réglementaires, chez Italpollina, en évoquant ce texte dont le processus législatif va bientôt démarrer, pour une entrée en application en 2018. Et il sait de quoi il parle. Alors que la Commission européenne souhaite dans ce cadre échanger avec un nombre limité d'interlocuteurs, le fabricant italien a initié cette année la création d'Ecofi, qui fédère des industriels de la fertilisation organique et organo-minérale. Alors qu'il y avait déjà Eurofema, dont l'Unifa est proche... Cette dernière, qui se place en tant que fédératrice au niveau français, voit ainsi sa mise en réseau au niveau européen quelque peu contrariée. Dans le cadre de cette future législation, l'Unifa avait ainsi cherché les moyens d'être active auprès de la Commission européenne, en dehors de Fertilizers Europe axée surtout sur l'azote, en adhérant à Ebic (biostimulants) et en s'inscrivant comme partenaire d'IMA (amendements minéraux basiques). Mais elle bloque sur les organiques. L'Unifa a proposé une médiation entre Ecofi et Eurofema, « sachant qu'on a des adhérents des deux côtés, expose son délégué général, Gilles Poidevin. Mais ce qu'on défend, c'est la position de la Charte des fertilisants organiques et organo-minéraux (lire p. 48). »

Les cotisations, nerf de la guerre

Cette structuration au niveau européen s'ajoute aux multiples syndicats français aux périmètres parfois redondants. Avec, au centre du jeu, les cotisations. Car il n'est pas sûr que tout le monde puisse cotiser partout. Gilles Poidevin ne nie pas qu'il y ait « un risque de fuite des adhérents vers des associations européennes, mais les nationales sont tout de même beaucoup plus proches du terrain. Cela fait vingt-cinq ans que Fertilizers Europe existe et l'Unifa a toujours des adhérents ». Une rationalisation est tout de même sans doute souhaitable. De là à aller vers une structure française unique ? Pour l'instant, les acteurs n'y semblent pas résolus. A l'instar d'Alliance pour le végétal, créée fin 2012 entre l'UPJ (jardins et espaces verts) et la Cas (améliorants organiques et supports de culture) pour défendre certains intérêts communs, et qui se termine par un constat d'échec. « Les parties prenantes n'étaient pas prêtes à aller jusqu'à un certain point, explique Benoît Planques, nouveau président de la Cas. Tel qu'il a été pensé et structuré, le modèle de fonctionnement était trop lourd d'un point de vue décisionnaire. » A l'Unifa, on ne se presse pas non plus. « Avoir des projets en commun avec les autres associations, oui, pour le reste, on verra plus tard. » Cela ne l'empêche pas de continuer à faire des appels du pied à l'extérieur. D'autant que la sortie d'OCI Agro de l'Unifa, troisième intervenant sur le marché français de l'azote, et donc ex-grand contributeur de la fédération, a ouvert un débat interne sur l'essence même de l'association. « Mais l'Unifa n'est forte et crédible que parce qu'elle regroupe cinquante-deux adhérents, gros et petits, dans différents métiers, sur tout le territoire, défend Gilles Poidevin. Pour l'innovation et pour l'image, c'est fondamental. » Cette « crise » a d'ailleurs été suivie par des signes d'ouverture. Avec douze adhérents (dont Florendi, filiale de Roullier, qui vient d'arriver), la nouvelle section Villes & Jardins montre la volonté de l'association d'aller sur ce terrain-là. D'autant que l'UPJ est clairement plus orientée phytos que fertilisants. L'Unifa a fait aussi un pas supplémentaire vers le monde des organiques, en étendant la Charte des organo-minéraux aux fertilisants organiques. Elle a d'ailleurs dû modifier ses statuts, puisque, jusqu'en 2014, l'association excluait les fertilisants organiques : les fabricants pouvaient y adhérer, mais ne déclaraient pas leurs quantités organiques livrées, ni ne payaient de cotisation sur ces volumes.

« Les syndicats se cherchent, résume Benoît Planques, il faut que chacun accepte de faire des concessions », sans nier qu'« il y aura toujours des tensions. Mais il est possible de travailler ensemble sur certains points ». Le récent observatoire de la fertilisation minérale et organique (lire ci-contre), regroupant toutes les chapelles, en est une preuve. L'Anpea devrait également formuler une position commune au sujet de l'harmonisation européenne.

DOSSIER RÉALISÉ PAR RENAUD FOURREAUX

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